Le Guatemala inaugure son ambassade à Jérusalem après celle des Etats-Unis

Le président guatémaltèque, Jimmy Morales, serre la main du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à Jérusalem le 16 mai 2018.

Le Guatemala a inauguré mercredi à Jérusalem sa nouvelle ambassade en Israël, emboîtant le pas aux Etats-Unis dans une démarche de rupture diplomatique qui ulcère les Palestiniens.

Le Guatemala est devenu le deuxième pays à transférer sa représentation diplomatique à Jérusalem, quand son président Jimmy Morales et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu ont ouvert la nouvelle ambassade dans une tour moderne et excentrée du sud de Jérusalem.

La direction palestinienne a accusé le gouvernement guatémaltèque de se placer du côté des "crimes de guerre israéliens".

Moins de 48 heures après l'ouverture controversée et ultramédiatisée de l'ambassade américaine, qui a coïncidé lundi avec un bain de sang dans la bande de Gaza, le pays centre-américain d'environ 16 millions d'habitants, dont l'ambassade se trouvait jusqu'alors à Herzliya près de Tel-Aviv, a à son tour rompu avec des décennies de consensus international.

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Celui-ci veut que les ambassades soient installées en dehors de Jérusalem compte tenu du statut disputé de cette ville et de la persistance du conflit israélo-palestinien.

- "Amis d'Israël" -

La cérémonie, au troisième étage d'une tour, est loin d'avoir suscité le déploiement sécuritaire et médiatique de l'inauguration américaine, et plus encore de retenir l'attention des Palestiniens.

A plusieurs dizaines de kilomètres de là, la bande de Gaza avait recouvré le calme après les affrontements de lundi avec l'armée israélienne, qui ont fait près de 60 morts palestiniens.

"Ce n'est pas une coïncidence que le Guatemala soit parmi les tout premiers à ouvrir son ambassade à Jérusalem. Vous avez toujours été parmi les premiers", notamment pour reconnaître Israël en 1948, a déclaré M. Netanyahu sous les applaudissements d'officiels des deux pays et de l'ambassadeur des Etats-Unis, David Friedman.

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M. Morales a rappelé que l'inauguration coïncidait à quelques jours près avec le 70e anniversaire de la proclamation de l'Etat d'Israël le 14 mai 1948.

"Il y a 70 ans, nous avons décidé de soutenir et d'être les amis d'Israël, et nous en faisons à nouveau la démonstration aujourd'hui", a-t-il dit.

La décision de M. Morales est critiquée dans son pays comme un gage donné aux Etats-Unis. Elle est aussi interprétée comme liée à la religion du président, un protestant évangéliste, qui est aussi celle d'une importante partie de la population guatémaltèque.

Les évangélistes, comme le vice-président américain Mike Pence, passent pour avoir fortement influencé la décision très controversée du président Donald Trump de reconnaître Jérusalem comme la capitale d'Israël, qui s'est concrétisée par le transfert de l'ambassade américaine de Tel-Aviv à Jérusalem.

Les évangélistes soutiennent Israël avec ferveur car ils veulent voir les juifs reconstruire leur temple à Jérusalem, ce qui serait censé faciliter le retour du Christ selon eux.

- Avant le Paraguay -

Le gouvernement guatémaltèque "se positionne du côté d'Israël et de ses crimes de guerre au mépris du droit international, et apporte son soutien à l'occupation militaire et à l'annexion illégale de Jérusalem", a réagi la dirigeante palestinienne Hanane Achraoui.

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L'inauguration de l'ambassade des Etats-Unis à Jérusalem a coïncidé lundi avec la journée la plus meurtrière du conflit israélo-palestinien depuis 2014, quand des dizaines de Palestiniens ont manifesté contre l'initiative unilatérale américaine, contre le blocus israélien de la bande de Gaza et pour le "droit au retour" des réfugiés.

La direction palestinienne a annoncé mercredi le rappel de ses ambassadeurs en Autriche, Hongrie, République tchèque et Roumanie, qui avaient envoyé des représentants dimanche à une cérémonie israélienne en l'honneur de l'ouverture de l'ambassade américaine.

Nombreux en Israël sont ceux qui voient la décision américaine comme la reconnaissance d'une réalité historique de 3.000 ans.

L'Etat hébreu s'est emparé de Jérusalem-Est en 1967, l'a annexée et considère l'ensemble de la ville comme sa capitale "éternelle" et "indivisible".

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Pour les Palestiniens en revanche, la décision américaine représente le summum du parti pris outrancièrement pro-israélien affiché par M. Trump depuis son intronisation en 2017. Ils y voient la négation de leurs revendications sur Jérusalem-Est, dont ils veulent faire la capitale de l'Etat auquel ils aspirent.

Pour la communauté internationale, Jérusalem-Est est un territoire occupé et les ambassades ne doivent pas s'installer à Jérusalem tant que le statut de la ville n'a pas été réglé par la négociation entre les deux parties.

Le transfert de l'ambassade américaine n'a pas pour l'instant provoqué l'effet d'entraînement espéré par Israël. Outre les Etats-Unis et le Guatemala, seul le Paraguay s'est fermement engagé à déménager sa mission, a priori avant fin mai.

Avec AFP