"Je ne sais pas, je ne peux pas vous dire qui a commandité, qui a ordonné le coup d'Etat", a déclaré le général Gilbert Diendéré dès l’ouverture du procès lundi matin.
"Deux personnes m'ont appelé le 16 septembre pour me dire qu'ils ont procédé à l'arrestation des autorités de la transition. Ces deux personnes sont l'adjudant-chef Moussa Nébie et l'adjudant Florent Nion, qui étaient avec d'autres jeunes dont je ne connais pas l'identité", a poursuivi le général Diendéré, devant une salle d'audience comble comme la veille.
Le général avait catégoriquement nié lundi être à l'origine du coup de force raté, bien qu'il ait pris la tête du Conseil National pour la Démocratie, organe dirigeant des putschistes, avant de rendre le pouvoir face à la pression populaire et à l'armée loyaliste.
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"Nulle part dans le dossier d’instruction, il n’est ressorti clairement qu’il a commandité les événements du 16 septembre", argumente Me Mathieu Somé, l’un des avocats de Diendéré.
"Le juge d’instruction a posé toutes les questions à tout le monde et personne n’a pu dire qui a commandité. Toutefois, une personne, le nommé Nion, a fait varier un peu sa déclaration en disant après que c’est un certain Koussoubé qui serait venu lui dire que le général lui avait dit de faire un coup d’Etat."
"Je me suis vu obligé de me porter au-devant des choses bien que n’ayant pas moi-même été associé à la préparation", s’est défendu avec assurance à la barre le général habillé en tenue militaire.
Au total 84 accusés sont jugés par un tribunal militaire à Ouagadougou depuis le début du procès en février, dont un autre général, Djibrill Bassolé, ancien ministre des Affaires étrangères, également présent au procès.
Diendéré "avait dit qu’il regrettait les pertes en vie humaine, les blessés graves. Il reconnaissait d’être l’instigateur. Mais ce matin, on a l’impression qu’il plaide non-coupable", déplore Marcel Tankoano, leader de la société civile qui demande au général d’assumer ses actes.
Selon un des avocats des parties civiles, Me Prosper Farama, "il est regrettable que le Général persiste dans cette lancée de dire oui, ce sont d’autres personnes qui m’ont poussé à assumer un acte aussi grave qu’un coup d’Etat".
"Il savait bien ce que c’était qu’un coup d’Etat et ce que cela voulait dire d’assumer un coup d’Etat. Il faut aller au bout de la logique, reconnaître avec qui ils ont commandité et exécuté ce coup d’Etat. Sinon nous serions en face d’un coup d’Etat de fantômes, a estimé l'avocat.
Le général Diendéré a chargé l’ancien Premier ministre Isaac Zida en exil au Canada.
Pour lui, Zida aura contribué à gâcher le climat au sein du RSP et des autres corps de l’armée et ce coup d’Etat est la résultante d’une transition mal gérée au Burkina Faso.
Le putsch a fait une quinzaine de morts et plusieurs centaines de blessés.