Sans citer son nom, mais en donnant son âge ainsi que les détails sur sa carrière, le parquet d'Osijek (est) a expliqué que l'enquête visait le témoignage du joueur concernant la signature de son contrat professionnel au Dinamo Zagreb en 2004 fixant les conditions de son futur transfert.
Luka Modric, 31 ans, a témoigné le 13 juin à Osijek au procès de Zdravko Mamic, 57 ans, homme fort du football croate, soupçonné de nombreuses malversations.
L'ancien patron du Dinamo Zagreb est soupçonné d'avoir détourné avec ses complices présumés 15,6 millions d'euros, notamment lors de transferts frauduleux. Tout en flouant le fisc d'1,6 million d'euros.
Devant le tribunal d'Osijek, qui l'avait prévenu qu'il devait dire la vérité, Luka Modric a déclaré avoir signé dès 2004 une annexe avec Mamic prévoyant qu'il lui verse la moitié des primes de transferts qu'il recevrait par la suite. Or en 2015, il avait déclaré aux enquêteurs que cette annexe avait été antidatée et signée alors qu'il évoluait déjà à Tottenham.
Ces faits sont susceptibles de constituer un "délit pénal de faux témoignage", selon le parquet. S'il était reconnu coupable, le code pénal croate prévoit des peines de six mois à cinq ans de prison.
Luka Modric a quitté le Dinamo pour le club londonien de Tottenham en 2008 avant de rejoindre le Real en 2012.
'Menteurs et manipulateurs'
Selon les médias croates, dans son témoignage durant l'enquête, Modric avait expliqué avoir ainsi reversé en liquide à la famille Mamic quelque 7 millions d'euros sur les neuf arrivés sur son compte à l'occasion de son transfert.
Durant son témoignage au tribunal, le joueur du Real avait eu du mal à dissimuler sa gêne et sa nervosité. Il n'avait fait aucun commentaire à l'extérieur du tribunal et n'avait pas échangé le moindre regard avec les accusés, Zdravko Mamic, son frère Zoran, un autre dirigeant du Dinamo Zagreb, et un inspecteur du fisc croate.
"Je suis allé à Tottenham pour environ 21 millions d'euros et j'ai reçu une partie de l'argent de ce transfert", en vertu d'un accord avec le Dinamo prévoyant le partage moitié-moitié des gains, avait-il dit aux juges.
Luka Modric a précisé qu'il n'avait pas donné l'argent personnellement à Zdravko Mamic, mais au fils et frère de ce dernier.
Le tribunal d'Osijek devait également entendre le défenseur de Liverpool, Dejan Lovren. Mais une éruption de colère de Zdravko Mamic a entraîné le report en septembre de cette audition.
Zdravko Mamic est un personnage redouté et haï dans le football croate. De nombreux supporteurs croates l'accusent d'avoir mis en coupe réglée la Fédération, dont le président, l'ex-attaquant international Davor Suker, ne serait que sa marionnette.
Et à en croire les médias locaux, c'est pour s'assurer de la neutralité des juges que le procès aurait été délocalisé à Osijek, dans l'est: les liens de Zdravko Mamic avec certains magistrats de la capitale seraient trop étroits.
Lui dénonce un procès "politique" et décrit les procureurs anti-corruptions comme des "menteurs et des manipulateurs".
Avec AFP