Bunagana, un important centre de commerce transfrontalier, "est sous contrôle de l'ennemi", a reconnu sous couvert d'anonymat un officier congolais, interrogé par téléphone depuis Goma.
"L'armée vient de céder, en entrant en Ouganda", a indiqué de son côté Damien Sebusanane, responsable d'une association locale de la société civile, qui se trouvait lundi matin à la frontière ougandaise. "Un camion de l'armée vient de passer, quatre jeeps et d'autres véhicules pleins de militaires", a-t-il ajouté, estimant à une centaine le nombre de militaires des FARDC (Forces armées de la RDC) partis se réfugier en Ouganda.
Selon une autre source humanitaire en contact avec le terrain, ces militaires se sont retrouvés acculés à Bunagana, sans autre voie de sortie que la frontière, lors de nouveaux affrontements violents qui avaient éclaté dimanche matin.
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De précédents combats avaient déjà provoqué depuis fin mars la fuite de milliers d'habitants vers l'Ouganda et Rutshuru, ville principale du territoire congolais du même nom. Le Haut commissariat aux réfugiés (HCR) signalait lundi matin 368 arrivées supplémentaires en Ouganda depuis Bunagana.
"La situation humanitaire est de plus en plus préoccupante", a constaté Hervé Nsabimana, coordonnateur de l'ONG Codhas (Centre d'observation des droits de l'homme et d'assistance sociale).
L'armée congolaise a de nouveau accusé dimanche le Rwanda de soutenir les rebelles du M23, ce que Kigali dément.
"L'objectif poursuivi par le Rwanda est d'occuper Bunagana pour non seulement asphyxier la ville de Goma (chef-lieu du Nord-Kivu), mais aussi faire pression sur le gouvernement" congolais, a affirmé dans un communiqué le général Sylvain Ekenge, porte-parole du gouverneur militaire du Nord-Kivu.
Rébellion à dominante tutsi vaincue en 2013 par Kinshasa, le M23 ("Mouvement du 23 Mars"), qui avait son QG à Bunagana, a repris les armes fin 2021, en reprochant aux autorités congolaises de ne pas avoir respecté un accord pour la démobilisation et la réinsertion de ses combattants.