Le maire de Misrata, troisième ville de Libye, enlevé et tué

Un avion militaire décolle depuis la ville portuaire de Misrata, en Libye, le 5 avril 2016.

Le maire de Misrata, troisième ville de Libye, a été enlevé et tué par balles par des inconnus, a indiqué lundi une source des services de sécurité dans ce pays miné par l'insécurité.

Mohamad Eshtewi a été poursuivi et enlevé à sa sortie de l'aéroport de Misrata, à 200 km à l'est de la capitale Tripoli, a affirmé cette source, précisant que son corps avait ensuite été abandonné dans une rue.

L'hôpital de la ville a confirmé avoir reçu le corps du maire, qui portait des impacts de balles.

Son frère, qui se trouvait dans le même véhicule au départ de l'aéroport, a été blessé mais ses jours ne sont pas en danger, selon la source de sécurité à Misrata.

Mohamad Eshtewi rentrait d'un voyage officiel en Turquie, en compagnie d'autres membres du Conseil municipal, tous élus en 2014 et dont le mandat doit expirer fin 2018. Aucune autre indication sur les circonstances ou les auteurs du meurtre n'ont pu être obtenues.

Les milices de Misrata, les groupes armés les plus puissants de Libye, avaient été la colonne vertébrale des forces engagées dans l'offensive du gouvernement d'union nationale libyen (GNA) pour chasser l'organisation jihadiste Etat islamique (EI) de son fief de Syrte en 2016.

Elles avaient également joué les premiers rôles dans la chute en 2011 du régime de Mouammar Kadhafi renversé et tué après huis mois de rébellion.

Après la disparition de Mouammar Kadhafi, le pays a plongé dans le chaos avec une multitude de milices armées faisant la loi. Aujourd'hui deux autorités rivales se disputent le pouvoir, le GNA basé à Tripoli et reconnu par la communauté internationale et un gouvernement parallèle basé dans l'est du pays.

Dans un communiqué sur l'assassinat du maire de Misrata, le GNA a déploré la perte d'un des "symboles de la modération et de la tolérance". Il a promis de mettre la main sur les auteurs de cet "acte terroriste" après avoir mis en "état d'alerte" les services de sécurité.

Sur son compte Twitter, l'envoyé spécial de l'ONU en Libye, Ghassan Salamé, a exprimé "sa profonde tristesse et sa ferme dénonciation" de ce meurtre.

Le ministère français des Affaires étrangères a condamné de son côté un "acte lâche qui a visé une personnalité connue pour sa modération", ajoutant que cet assassinat est venu confirmer "une nouvelle fois l'urgence d'une solution politique" en Libye.

Misrata, cité portuaire d'environ 400.000 habitants, a été en octobre la cible d'un attentat suicide revendiqué par l'EI qui a fait quatre morts dans un complexe judiciaire.

Avec AFP