Le maréchal Haftar, opposant au gouvernement d'entente nationale (GNA) basé à Tripoli, renforce depuis plusieurs semaines son statut d'interlocuteur indispensable pour résoudre le casse-tête libyen, source d'inquiétudes pour les pays européens en première ligne face à la crise migratoire et la menace terroriste.
Ses visites à Rome puis à Paris interviennent au moment où le médiateur de l'ONU Ghassan Salamé a lancé à Tunis une session de pourparlers visant à mettre en oeuvre la première étape de son plan d'action.
M. Salamé a présenté la semaine dernière à l'ONU sa feuille de route pour la Libye, qui consiste à rassembler les parties rivales autour d'un cadre institutionnel et aboutir à des élections générales à l'été prochain.
La visite à Paris de M. Haftar n'est "en aucun cas d'une initiative dissonante dans la médiation que mène l'ONU", insiste-t-on à Paris, pour qui "il n'est pas inutile" que les différents pays engagés dans le dossier fassent pression sur les parties libyennes.
"On ne va rien proposer de nouveau à Haftar, on veut lui faire passer le message qu'il doit respecter ses engagements et la médiation de l'ONU", ajoute la source diplomatique.
Paris avait organisé en juillet une rencontre entre le chef du GNA Fayez al-Sarraj et le maréchal Haftar, qui avaient agréé une déclaration de principe pour sortir le pays du chaos.
La Libye a sombré dans le chaos et est déchirée entre pouvoirs politiques rivaux depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011. Un accord interlibyen a été signé fin 2015 au Maroc, sous l'égide de l'ONU, et le GNA, avec Fayez al-Sarraj comme Premier ministre, a été formé.
Même s'il a réussi à étendre son influence dans la capitale depuis son installation à Tripoli en mars 2016, le GNA peine à imposer son autorité sur de larges pans du pays. Il est notamment confronté à une autorité rivale au pouvoir dans l'est avec le soutien du controversé maréchal Khalifa Haftar.
A New York la semaine dernière, M. Salamé avait insisté sur la primauté de l'ONU dans le processus de règlement du conflit.
"J'espère qu'on reconnaîtra à l'ONU la primauté et que les initiatives qui se font de part et d'autre conflueront vers l'ONU. On ne peut pas interdire à un Etat membre de vouloir jouer le médiateur à droite ou à gauche, mais il faut que ce soit sous le parapluie de l'ONU", avait-il souligné dans un entretien à France 24.
Avec AFP