Malgré un ultime appel du gouverneur républicain Peter Ricketts qui l'exhortait à conserver la peine de mort, la chambre unique de cet Etat du centre du pays a adopté une loi qui abolit la peine capitale avec un effet rétroactif, selon un communiqué de cette assemblée.
Les sénateurs ont voté par 32 voix contre 15 mercredi, après deux heures de débats, confirmant le vote de 34 voix contre 14 recueillies le 17 avril en faveur de l'abolition de la peine de mort.
Il faut 30 voix pour contourner le veto que le gouverneur Ricketts a promis d'opposer à cette loi, ce qui fera donc à coup sûr du Nebraska le 19e Etat américain sur 50, plus la capitale fédérale Washington, à officiellement abolir la peine capitale.
Ce sera le premier depuis le Maryland (est) en 2011 et le 7e depuis 2007.
Après le vote, le gouverneur n'a pas immédiatement annoncé si et quand il opposerait éventuellement son veto, qui serait de pure forme. Il a cinq jours pour le faire, selon le même communiqué.
Mais peu avant la séance qu'il savait "significative", M. Ricketts avait en vain exhorté les sénateurs "à écouter leurs concitoyens" qui, a-t-il dit, lui ont montré un "soutien écrasant pour le maintien de la peine de mort au Nebraska".
"Le Nebraska est à l'aube d'une décision historique", avait asséné pour sa part le sénateur Ernie Chambers, le parrain de la loi. "Nous avons la possibilité de faire un petit pas pour le Sénat et un bond de géant pour la civilisation", a-t-il dit.
Le Nebraska n'a exécuté aucun condamné depuis 1997 et détient 11 prisonniers dans son couloir de la mort, qui doivent ainsi voir leur peine commuée en prison à vie.
Ce vote illustre le recul de la peine de mort aux Etats-Unis, le Sénat du Delaware (est) ayant aussi voté pour l'abolition début avril, en attendant un vote de confirmation de sa Chambre des représentants.
Dans les faits, 29 Etats américains, la capitale Washington et le gouvernement fédéral n'utilisent plus le châtiment suprême. En 2014, 80% des exécutions ont été concentrées dans trois Etats, Texas, Missouri et Floride.
La pénurie de produits pour l'injection létale apparaît partout comme la première raison du recul de la peine capitale, les pharmacies refusant de fournir ou d'exporter des barbituriques à des fins d'exécution. Le Nebraska fait partie des Etats privés de stocks.
Mais avant leur vote, les sénateurs du Nebraska ont insisté sur le risque d'exécuter un innocent.
"L'Etat ne peut pas prendre le risque d'envoyer à la mort quelqu'un qui pourrait être innocent", a ainsi déclaré le sénateur Al Davis.
En outre, de récentes exécutions accompagnées de souffrances des condamnés ont provoqué un tollé dans l'opinion et contribué à faire reculer le soutien des Américains à la peine capitale. Un dernier sondage du Pew Center montre que les opinions favorables sont au plus bas, à 56%.
Cette question est devenue un casse-tête pour les Etats, au point que la Cour suprême doit trancher fin juin sur la controverse et plusieurs Etats ont purement et simplement suspendu toute exécution en attendant la décision.
Avec AFP