Ce prêt, destiné "à augmenter la production de semences et de céréales dans le pays", doit permettre de "garantir la sécurité alimentaire nationale", a déclaré le ministère de l'agriculture dans un communiqué jeudi.
La semaine dernière, le rapport dit "Cadre harmonisé", rédigé par des fonctionnaires nigérians, des agences des Nations unies et de grandes ONG humanitaires a prédit que plus de 33 millions de Nigérians auront faim l'an prochain.
Le secteur agricole nigérian connaît des difficultés multifactorielles.
La dépréciation du naira, la monnaie nationale, et l'augmentation des prix du carburant, depuis les réformes mises en place par l'administration du président Bola Ahmed Tinubu il y a un an et demi, ont fait grimper les prix de l'alimentation.
L'inflation alimentaire s'élevait à 37,77% en septembre.
Selon le Bureau national des statistiques, le prix des haricots a flambé de 282% entre octobre 2023 et octobre 2024, et celui du riz cultivé localement de 153%.
En outre, le nord-est du Nigeria est meurtri depuis 2009 par des insurrections islamistes, et les gangs de bandits et de kidnappeurs opèrent dans tout le nord du pays, pillant et occupant les exploitations agricoles et empêchant les agriculteurs de travailler.
Parallèlement, le changement climatique et la déforestation ont rendu la région plus aride.
Les violences et la désertification ont également entraîné des rivalités parfois violentes entre communautés agricoles et bergers nomades.
Enfin, le mois dernier, des pluies torrentielles et de graves inondations ont dévasté une partie du centre du Nigeria, dont 1,6 million d'hectares de terres agricoles, selon des estimations de l'Organisation pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) des Nations unies.
"Le gouvernement souhaite utiliser le secteur agricole pour relancer l'économie nationale en augmentant la production de certaines cultures vivrières de base telles que le blé, le riz, le maïs, le sorgho, le soja et le manioc", a détaillé le communiqué du ministère.
Le prêt de la BAD servira à "aider 250.000 cultivateurs de blé" et "150.000 cultivateurs de riz".
Le gouvernement Tinubu a répondu aux pénuries alimentaires et à l'inflation en suspendant temporairement les frais de douane sur certaines importations.
Les Nations unies ont exhorté les donateurs étrangers et le gouvernement nigérian à faire davantage pour juguler la crise.
Le gouvernement nigérian a obtenu un prêt de 134 millions de dollars de la Banque africaine de développement (BAD) afin de redynamiser le secteur agricole, alors que l'insécurité alimentaire est particulièrement préoccupante dans le pays le plus peuplé d'Afrique.