Le Nigeria et ses voisins créent une force anti-Boko Haram

Les présidents Mahamadou Issoufou, Idris Deby et Muhammadu Buhari sont convenus de la mise en place d'une force conjointe pour lutter contre Boko Haram

La force sera placée sous commandement nigérian, une concession faite au président nigérian Muhammadu Buhari.

ABUJA, 11 juin (Reuters) - Le Nigeria et ses voisins ont décidé jeudi de créer une force militaire conjointe pour lutter contre les djihadistes de Boko Haram qui sera basée dans la capitale tchadienne, N'Djamena. Elle devrait être opérationelle d'ici le 30 juillet, précise un communiqué publié à l'issue de la réunion, qui s'est tenue à l'aéroport d'Abuja, la capitale nigériane, entre les représentants du Nigeria, du Tchad, du Niger et du Cameron.

La force sera placée sous commandement nigérian, une concession faite au président nigérian Muhammadu Buhari. Celui-ci avait précisé avant la rencontre qu'il ne souhaitait pas de présidence tournante tous les six mois parce qu'une telle rotation entraverait "la capacité militaire à maintenir l'offensive contre les insurgés qui montrent une inquiétante capacité à s'adapter et à modifier leurs stratégies opérationnelles".

Depuis sa prise de fonction il y a deux semaines, Muhammadu Buhari, qui est âgé de 72 ans, a focalisé son action sur la lutte contre Boko Haram, se rendant successivement au Niger et au Tchad et transférant le commandement militaire nigérian d'Abuja à Maiduguri, la capitale de l'Etat de Borno, berceau de l'insurrection. En son absence, l'unité au sein de son parti, l'APC (All Progressives Congress), a commencé à se fissurer.

L'APC est une alliance de puissants Nigérians sans autre intérêt commun que la volonté de battre aux élections le précédent président, Goodluck Jonathan. Muhammadu Buhari, un musulman du Nord, a nommé Yemi Osinbajo, un avocat chrétien du Sud, à la vice-présidence, mais n'a toujours pas constitué son gouvernement.

Certains analystes estiment que cela suggère peut-être des désaccords entre Buhari et Bola Tinubu, parrain politique de Lagos, la capitale économique du pays. Le Tchad, le Niger, le Cameroun et le Nigeria ont mené dans le nord-est du Nigeria une série d'offensives contre les combattants de Boko Haram qui ont prêté allégeance à l'Etat islamique. Plusieurs milliers de personnes ont été tuées et un million et demi ont été déplacées depuis le début de l'insurrection, il y a six ans.