Le Nigérian Aliko Dangoté entre à pas de géant sur le marché des engrais

Un agriculteur dans ses plantations de tomates dans les champs d'irrigation de Kadawa, à l'extérieur de la ville de Kano, dans le nord du Nigeria, le 12 janvier 2015. Les tomates sont l'une des denrées dont Aliko Dangote espère changer la production grâce à son usine. (Photo AFP)

L’industriel nigérian Aliko Dangoté a apporté une bouffée d’oxygène au secteur agricole africain, régulièrement en manque cruel d’intrants, en inaugurant le 22 mars 2022 à Lagos, la plus grande unité de production de fertilisants d’Afrique, Dangote Fertilizer Plant.

Après de multiples reports depuis son annonce en 2016, l’usine de fabrication d’engrais d’Aliko Dangoté a enfin vu le jour à Lagos plus précisément à Lekki, au sud-est de la métropole nigériane. Dangote Fertilizer Plant mise en service en présence du président Muhammadu Buhari, porte la marque de l’homme d’affaires éponyme, patron de Dangote Group.

Pour les besoins de cette infrastructure, le milliardaire nigérian n’a pas lésiné sur les moyens. L’usine est en effet érigée sur une superficie de 500 hectares pour une capacité de production annuelle d’urée estimée à trois millions de tonnes. Soit plus du double de la société singapourienne Indorama, actuelle leader du marché des intrants au Nigeria.

Le coût total de l’ouvrage est chiffré à 2,5 milliards de dollars. Une partie est financée par la Banque africaine d'import-export ou Afreximbank, une institution multilatérale panafricaine de financement du commerce créée en sous les auspices de la Banque africaine de développement et dont le siège social se trouve en Égypte.

Contexte favorable

Connu pour flairer les opportunités, Aliko Dangoté n’aura guère failli à sa réputation. Sa fabrique naît dans un contexte économique extrêmement favorable. La Russie, première productrice mondiale d’engrais ayant gelé ses exportations depuis quelques semaines à cause de sa guerre avec l’Ukraine, fait ainsi grimper les prix à un niveau record sur le marché.

Conséquence : le produit essentiel pour l’agriculture va connaître une raréfaction accrue, notamment dans les pays africains, qui avaient déjà des difficultés à accéder aux fertilisants.

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Les terres arables du continent comptent seulement 15kg d’engrais par hectare en moyenne, soit trois fois moins que les standards chinois, européens ou américains. Un chiffre que l’Union africaine tente désespérément, depuis 2006, de faire remonter à 50kg, afin de booster la productivité agricole en Afrique, gage de la sécurité alimentaire.

Marchés disponibles

Au Nigeria, Dangote Fertilizer, alimenté en gaz par Chevron et la Nigeria Gas Company, devrait aider à combler les besoins locaux. Entre indisponibilité et propension des industriels à privilégier les exportations surtout avec la chute du naira, le pays ouest-africain grand consommateur d’engrais enregistre fréquemment des plaintes de la part d’acteurs du secteur.

La nouvelle usine devrait également éviter à l’État de débourser d’énormes ressources chaque année pour les importations. Le groupe Dangoté table sur près de 500 millions de dollars à préserver au budget national.

Outre le marché nigérian, Aliko Dangoté dont le conglomérat est depuis 2019 exploitant du phosphate togolais – un des composants indispensables aux intrants – vise à ravir la vedette à la Russie en tant que principal fournisseur de pays comme le Brésil, le Mexique, l’Inde ou encore les États-Unis.