"Les critères qui ont milité à l’augmentation du nombre, d’abord il y a le fait qu’on veut découpler les circonscriptions électorales qui comportaient deux préfectures", a déclaré Awaté Hodabalo, ministre de la décentralisation et de l'administration territoriale. "Cela a eu donc une conséquence sur le nombre des députés. Ensuite, il a été pris en compte l’organisation administrative du pays, plus des spécificités et enfin la démographie, donc la population qui habite au niveau de ces circonscriptions électorales."
Ces législatives seront couplées avec les élections régionales, que le Togo organisera pour la première fois, selon une autre modification apportée par les députés au code électoral.
"L’aspect le plus important, c’est que nous avons mis quand même en place un cadre permanent de concertation où toutes les forces politiques ont quand même débattu sur ces sujets et ont convenu ensemble que cette augmentation, qui prendrait en compte ces éléments qui ont été indiqués dans ce texte, suffisent largement pour que le gouvernement, qui n’était pas obligé, puisse accepter et aller dans ce sens", souligne Pacôme Adjourouvi, actuel président du cadre permanent de concertation.
A écouter Les premières propositions de la concertation nationale au TogoUne hausse liée au nombre d'électeurs
Le critère de l’augmentation sensible de la population togolaise estimée aujourd’hui à plus de 8 millions d’habitants pour justifier la hausse du nombre des députés laisse perplexe le député Abbass Kaboua, membre du Mouvement des républicains centriste (MRC).
"Parlons des incidences financières. Vous connaissez très bien aujourd’hui ce que vivent nos compatriotes. Mais 22 députés de plus, l’argent là, on va les trouver où ? La deuxième question, le Gouvernement est tenu de faire le recensement général de la population chaque 5 ans. Est-ce que dans 5 ans, nous allons encore augmenter, oui ou non ?", questionne-t-il.
Sur les critiques qui portent sur le coût financier qui sera lié à la prise en charge de ces 22 nouveaux députés, Séna Alipui, député de l’Union des forces de changement (UFC) n’y voit qu’une sorte de répartition des richesses : "si on se met dans une perspective économique, on peut dire que oui, ça va coûter un plus d’argent à l’Etat.
"L’argent qu’ils vont gagner, 90% va être dépensé ici ce n’est même pas les 100% plus des dettes qu’ils contractent des fois pour pouvoir même pour pouvoir aider les populations", conclut-il.
A écouter Togo : fin de mandat de l’Assemblée nationale et pas d'élections en vueAucune date en vue
Aucune date n'a encore été fixée pour la tenue de ces élections, mais elles se tiendront "au plus tard à la fin du premier trimestre 2024", avait annoncé le gouvernement en novembre.
L'augmentation du nombre des députés à 113 au Togo est l'une des propositions phares issues des récentes concertations entre le pouvoir et l'opposition.
Cette dernière demandait initialement que le nombre de députés soit relevé à 117, soit autant que le nombre de communes dans le pays.
Les dernières élections législatives ont eu lieu en 2018 et avaient été boycottées par l'opposition qui avait dénoncé des "irrégularités" dans le recensement électoral.
Cette fois, elle se prépare à défier le parti au pouvoir, l'Union pour la République (UNIR), et elle a fortement mobilisé ses partisans à l'occasion du dernier recensement électoral.
Le président Faure Gnassingbé est arrivé au pouvoir en 2005 après le décès de son père, le général Gnassingbé Eyadéma, qui avait dirigé le Togo d'une main de fer pendant 38 ans. Il a depuis été réélu à trois reprises lors de scrutins qui ont tous été contestés par l'opposition.