Le nouveau code pénal burkinabè jugé liberticide suscite des réactions

Une avenue principale à Ouagadougou, Burkina, le 7 mai 2019. (VOA/Lamine Traoré)

Le nouveau code pénal adopté au Burkina Faso continue de faire des vagues. Certaines dispositions de cette loi restreignent les libertés. La diffusion d’information sur les opérations militaires est un délit passible de 10 ans de prison maximum.

Les mouvements de défense de droits de l’homme et associations de presse sont vent debout contre cette loi qu’ils jugent liberticide.

Cette loi votée vendredi 21 mai par le Parlement burkinabè porte en elle des éléments attentatoires à la liberté de la presse, juge Guézouma Sanogho président de l’AJB, l’association des journalistes du Burkina Faso.

Your browser doesn’t support HTML5

Le nouveau code pénal burkinabè jugé liberticide a été adopté

"A aucun moment, nous n’avons été associés au processus, les organisations professionnelles de médias -c’est à dire les journalistes- ont été exclues", estima Guézouma Sanogho, président de l’AJB. "C'est un problème si les journalistes ne peuvent plus faire de direct sur les lieux des attaques !"

Selon les experts, les durées des peines d’emprisonnement sont particulièrement sévères. Toute personne condamnée peut écoper jusqu’à 10 ans de prison ce qui inquiète Charles Traoré, président de l’organisation "Reporters du Faso".

"C’est vrai que les forces de l’ordre ont des difficultés sur le terrain parce que l’information sans beaucoup de recul peut créer des problèmes", reconnaît Charles Kiendrébéogo, président de Reporters du Faso."La loi en elle-même n'est pas une mauvaise chose mais il y a beaucoup de zones d'ombre" s'inquiète-t-il.

Cette loi n’est pas si liberticide que cela tempère maitre Apollinaire Kyelem, analyste politique et avocat au barreau de Ouagadougou.

"Je ne vois pas pourquoi les journalistes se plaignent parce que si tu fais ton travail professionnellement, tu ne vas pas diffuser de fausses informations. Si cela arrive mais que ce n'est pas intentionnel, la loi ne s'applique pas."

Lire aussi : L'assassinat du journaliste Norbert Zongo toujours dans les mémoires

Heureusement, des voies de recours existent comme l’explique l’analyste des politiques publiques pour l’ONG DIAKONIA, Roger Minoungou.

"Après l’adoption du texte de loi à l’Assemblée nationale, il faut attendre 21 jours pour que cela entre en vigueur, cela veut dire que le président du Faso a encore des possibilités de faire relire la loi, si effectivement il estime que certaines dispositions ou le contenu de la loi ne satisfait pas aux attentes", explique Roger Minoungou.

"Nous avons également le Conseil Constitutionnel pour vérifier les dispositions qui sont prévues dans ce code, les engagements et les aspects liés aux droits humains".

Le risque principal de cette nouvelle loi est que le législateur risque de ne plus faire la différence entre le travail des activistes sur les réseaux sociaux et le travail professionnel d’information des journalistes, ou encore les activités des défenseurs des droits humains.