Les pénuries d'électricité qui frappent régulièrement le petit pays d'Afrique de l'Ouest depuis les années 1980 ont largement empiré ces cinq dernières années.
Le président Nana Akufo-Addo blâme son prédécesseur, John Dramani Mahama, dont la politique énergétique a laissé une "dette gargantuesque", a-t-il déclaré le mois dernier lors de son premier discours à la nation.
Pour le seul secteur de l'énergie, elle s'élève à quelque 2,4 milliards de dollars (2,2 milliards d'euros), a-t-il dit, car le coût du carburant, le paiement des fournisseurs d'énergie et la gestion des entreprises publiques ont échappé à tout contrôle.
Cette situation financière "constitue l'obstacle majeur à l'accès des Ghanéens à une électricité fiable et bon marché", a-t-il dénoncé.
Le Nouveau parti patriotique (NPP) du président compte se démarquer de l'administration précédente et travaille sur un nouveau plan de développement du secteur, qui prévoit la possibilité d'introduire en bourse les entreprises publiques de production et de fourniture d'électricité.
Ces ventes d'actifs viseraient non seulement à soulager les finances du gouvernement, mais aussi à rendre plus performants certains services publics, une fois privatisés.
Le budget 2017 prévoit en outre un programme ambitieux en matière d'énergies renouvelables, avec l'objectif de fournir 2 à 3% de la production nationale et d'approvisionner en énergie solaire 38.000 foyers dans des collectivités "hors réseau".
Panneaux solaires gratuits
Exploiter l'énergie issue dela ressource naturelle la plus abondante en Afrique - le soleil - pour produire de l'électricité est un défi de longue date pour les Etats du continent.
Le gouvernement ghanéen espère que la population adhèrera plus massivement à un grand projet de panneaux solaires lancé sous la présidence Mahama pour équiper les foyers et les entreprises. Si les panneaux sont gratuits, les coûts de démarrage d'environ 1.500 dollars peuvent être dissuasifs.
La Commission de l'énergie avait tablé sur le déploiement de 200.000 systèmes à travers le pays, mais selon le coordonnateur du programme, Kenneth Appiah, seules 409 unités ont été installées depuis sa création en février 2016.
Parmi les bénéficiaires, Daniel Nkrumah-Afyeefi, professeur en comptabilité, se félicite de ne plus dépendre entièrement du réseau d'électricité national et veut ajouter plus de panneaux pour abaisser les coûts de réfrigération de la nourriture et éviter les nuits chaudes et sans sommeil.
"Lorsque vous vivez dans un endroit comme Accra et que vous avez besoin de stocker des produits alimentaires, certaines choses se gâtent à force de coupures de courant à répétition", explique-t-il à l'AFP.
'Augmenter la cadence'
Le Ghana a connu pas moins de quatre crises énergétiques depuis 1982 en raison du faible niveau d'eau dans les barrages du pays, selon Ishmael Ackah, responsable de la coordination des politiques au Africa Centre for Energy Policy, basé à Accra.
En 1997, le pays a commencé à utiliser l'énergie thermique en complément de l'énergie hydroélectrique, mais ses centrales peinent à répondre à la demande à mesure que l'économie croît.
Les délestages visant à rationner l'énergie ont eu ces dernières années des repercussions directes sur les entreprises et la productivité, provoquant de vives protestations populaires.
Selon un rapport publié en 2015 par l'Institut ghanéen de recherche statistique, sociale et économique, le pays perd quelque 2,2 millions de dollars par jour à cause des pénuries.
Parallèlement à l'énergie solaire, le gouvernement compte sur l'approvisionnement en pétrole et en gaz des champs offshore du pays pour réduire le déficit énergétique qui affecte les quelque 27 millions d'habitants.
Le ministre de l'Energie, Boakye Agyarko, s'est fixé pour objectif d'alimenter tous les ministères à l'énergie solaire et a promis "d'augmenter la cadence".
Une entreprise britannique, Blue Energy, a prévu de construire une énorme centrale solaire d'une capacité de 155 mégawatts dans l'ouest du Ghana d'ici à décembre.
Ishmael Acka espère que la part de l'énergie solaire dans la production totale d'énergie connaitra une forte croissance d'ici à 2020.
"Elle est de 0,5% en mars 2017. Nous sommes censés atteindre 10% dans les trois prochaines années".
Avec AFP