"Le Jubilé s'achève et la porte sainte se ferme. Mais la porte de la miséricorde de notre coeur demeure toujours grande ouverte", assure le pontife argentin dans cette lettre adressée à qui voudra la lire et intitulée "Misericordia et misera" (Miséricorde et pitié).
Répétant que le pardon de Dieu n'a pas de limite, il appelle tous les prêtres à se montrer généreux en recevant les fidèles en confession.
"Pour qu'aucun obstacle ne s'interpose entre la demande de réconciliation et le pardon de Dieu, je concède à tous les prêtres, à partir de maintenant, en vertu de leur ministère, la faculté d'absoudre le péché d'avortement", écrit le pape.
Il prolonge ainsi une disposition qui avait été prévue uniquement pour la durée du Jubilé, alors que jusqu'à présent, seuls les évêques et certains prêtres expressément mandatés avaient la possibilité d'absoudre une femme ayant avorté ou une personne l'y ayant aidée.
"Je voudrais redire de toutes mes forces que l'avortement est un péché grave, parce qu'il met fin à une vie innocente. Cependant, je peux et je dois affirmer avec la même force qu'il n'existe aucun péché que ne puisse rejoindre et détruire la miséricorde de Dieu quand elle trouve un coeur contrit", explique-t-il.
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Travaillant au secretariat à la communication du Vatican, le Père burkinabè Janvier Yaméogo n'a pas été etonné par l'extension à tous les prêtres de la faculté d'absolution du péché d'avortement. Pour lui, le pape insiste sur l'ouverture de coeur et d'esprit que chacun doit avoir, il s'agit d'approfondir l'amour de dieu pour son prochain. "Je ne rentre pas dans la polémique de ceux qui affirment qu'il s'agit de minimiser la gravité de ce péché qu'est l'avortement mais il faut aussi montrer la possibilité de clémence".
Pour le vaticaniste John Allen, la concession sur l'avortement n'a eu que peu d'effets dans les pays occidentaux où de nombreux évêques avaient déjà délégué aux prêtres la possibilité d'absoudre un avortement.
"Mais sur le plan symbolique, cela a été interprété comme une importante main tendue aux femmes", a-t-il écrit sur le site Cruxnow.
- Main tendue aussi aux prêtres intégristes -
Dans le même temps, le pape prolonge la mission des "missionnaires de la miséricorde", un millier de super-confesseurs présents dans le monde entier et chargés pendant le jubilé de récupérer les fidèles qui se sont écartés de l'Eglise après des messages de condamnation trop forts.
Selon le Vatican, le Jubilé de la miséricorde s'est d'ailleurs traduit par une hausse de 30% des confessions à travers le monde.
Toujours par souci de n'exclure personne du pardon divin, le pape prolonge aussi la validité des absolutions délivrées par les prêtres intégristes de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X.
Cette communauté fondée par Mgr Marcel Lefebvre, qui a rompu avec Rome en 1988, avait salué comme un "geste paternel" cette disposition prise pour le jubilé, même si elle dénonce régulièrement une trop grande bienveillance de l'Eglise à l'égard du monde contemporain.
Après avoir marqué cette année sainte par une série de gestes chocs en faveur de toute une procession d'exclus -- migrants, SDF, détenus, prostituées, toxicomanes, malades, handicapés... --, le pape appelle aussi dans sa lettre à faire preuve d'"imagination" pour trouver de nouveaux moyens de se pencher sur les plus pauvres.
"Le monde continue à produire de nouvelles formes de pauvreté spirituelle et matérielle qui attentent à la dignité des personnes. C'est pour cette raison que l'Eglise doit toujours être vigilante et prête à identifier de nouvelles oeuvres de miséricorde et à les appliquer avec générosité et enthousiasme", insiste-t-il.
En signe de cette préoccupation, François instaure une "Journée mondiale des pauvres", qui aura lieu chaque année un dimanche de mi-novembre, dans la lignée du Jubilé des sans-abris qui a permis de faire venir plusieurs milliers d'exclus le 13 novembre au Vatican.
"Ce sera une journée qui aidera les communautés et chaque baptisé à réfléchir sur la manière dont la pauvreté est au coeur de l'Evangile et sur le fait que, tant (qu'un pauvre) git à la porte, il ne pourra y avoir de justice ni de paix sociale", explique-t-il.
Avec AFP