Le Parlement demande un calendrier de retrait des troupes étrangères en Irak

Les forces d'intervention rapide irakiennes avancent alors qu'elles participent à une opération contre les djihadistes du groupe État islamique (EI) à l'est de Tuz Khurmatu le 7 février 2018.

Le Parlement irakien a voté une résolution demandant au gouvernement d'établir "un calendrier de retrait des forces étrangères" stationnées dans le pays, en référence à celles de la coalition internationale antijihadiste.

Mise sur pied en 2014 par les États-Unis pour déloger le groupe jihadiste Etat islamique (EI) des territoires qu'il contrôlait en Irak et Syrie, cette coalition rassemble 74 pays, dont seule une minorité a déployé des soldats au sol et des conseillers militaires en Irak, ainsi que des organisations internationales comme Interpol et l'Otan.

Le Parlement exprime "sa gratitude à tous les pays qui ont soutenu l'Irak dans son combat contre Daech (acronyme en arabe de l'EI) et demande au gouvernement d'établir un calendrier de retrait des forces étrangères", selon un communiqué du bureau du président du Parlement.

Début février, la coalition avait annoncé un "ajustement" à la baisse en 2018 de ses forces en Irak, où l'EI a perdu la quasi-totalité du territoire qu'il contrôlait.

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"Une présence continue de la coalition en Irak sera assurée à certaines conditions, proportionnellement aux besoins et en coordination avec le gouvernement irakien", avait précisé la coalition.

Les États-Unis, plus gros contributeur de la coalition, ont déployé 5.000 soldats en Irak. Quelque 850 soldats canadiens et 600 autres britanniques y sont également déployés pour entraîner ou conseiller les forces de sécurité irakiennes.

La France comptait 1.200 militaires en Syrie et en Irak. L'Italie avait déployé jusqu'à 1.400 soldats en Irak mais en a rapatrié 500 fin 2017.

S'adressant à la presse mardi, le Premier ministre irakien Haider al-Abadi avait affirmé au sujet des forces américaines et de la coalition en Irak: "leur nombre réel est très limité".

"Il n'existe pas de bases ou d'aéroport contrôlés par les force étrangères. (...). Il y a des soldats de la coalition sur une partie limitée des bases mais aucun avion n'atterrit ou ne décolle sans notre autorisation", avait-t-il insisté.

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Une polémique était née fin octobre quand le secrétaire d'État américain Rex Tillerson avait appelé "les combattants étrangers" et "les milices iraniennes en Irak" à "rentrer chez eux".

Ces propos visaient le Hachd al-Chaabi, une coalition d'unités paramilitaires regroupant plus de 60.000 Irakiens en majorité issues de milices chiites soutenues par l'Iran.

M. Abadi avait réfuté les propos de M. Tillerson, affirmant que les combattants du Hachd al-Chaabi étaient "des Irakiens qui ont combattu le terrorisme, ont défendu leur pays et se sont sacrifiés pour vaincre l'EI".

Plusieurs organisations irakiennes proches de l'Iran ont réclamé le départ des forces étrangères.

"Nous avons entendu à plusieurs reprises des responsables américains (dire) que Washington voulait rester en Irak après Daech. Nous ne le permettrons pas et c'est absolument inacceptable", avait affirmé en octobre Qaïs al-Khazali, le secrétaire général de la milice chiite Asaïb Ahl al-Haq.

Les brigades du Hezbollah irakien ont également appelé le gouvernement et le Parlement irakiens à prendre la ferme décision de renvoyer les troupes américaines chez elles.

Le 18 décembre 2011, à la suite d'un vote au Parlement, les forces américaines avaient déjà quitté l'Irak après plus de huit ans d'une présence controversée, laissant derrière eux une armée irakienne peu préparée.

Trois ans plus tard, l'EI s'emparait d'un tiers du pays sans que les forces gouvernementales ne soient capables de résister.

Avec AFP