Le parquet enquête sur le rôle présumé d'un élu dans les violences au Kasaï

Des Casques bleus patrouillent près de Kananga, dans le Kasaï central, en RDC, le 11 mars 2017.

Le parquet de la République démocratique du Congo a annoncé à Kinshasa qu'il enquêtait sur l'implication présumée d'un député congolais de l'opposition dans les violences qui secouent depuis septembre la région du Kasaï, au centre du pays.

Deux experts de l'ONU, l'Américain Michael Sharp et la Suédo-chilienne Zaida Catalan, missionnés au Kasaï par le secrétaire général des Nations Unies pour enquêter sur ces violences y avaient été enlevés et assassinés en mars.

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Flory Kabange Numbi au micro de Top Congo

Samedi, le quotidien américain New York Times, a révélé que Zaida Catalan détenait un enregistrement sonore du député Clément Kanku en conversation téléphonique avec un des présumés auteurs des massacres au Kasaï.

"La nature et les circonstances de cette conversation ne peuvent aucunement laisser indifférent" le parquet, a déclaré Flory Kabange Numbi, procureur général de la République, lors d'une conférence de presse.

Le procureur a affirmé avoir écrit au président de l'Assemblée nationale "pour nous permettre de conduire des enquêtes indispensables dans cette sinistre affaire". Mais "il n'est nullement question de chercher à obtenir la levée des immunités" parlementaires à ce niveau de la procédure, a-t-il ajouté.

Les experts de l'ONU Zaida Catalan et Michael Sharp, disparus dans le Kasaï le 12 mars 2017 et retrouvé mort le 27 mars.

"Ce lundi 22 mai, j'ai été amené à ouvrir une enquête pour en savoir un peu plus", a-t-il dit.

L'enregistrement dont parle le NYT remonte à août 2016 et circule sur internet.

La région du Kasaï est secouée depuis septembre par la rébellion de Kamwina Nsapu, chef traditionnel tué en août 2016 lors d'une opération militaire.

Depuis, les violences qui impliquent miliciens, soldats et policiers ont fait plusieurs centaines des morts et causé le déplacement de 1,27 million de personnes.

L'ONU accuse les rebelles Kamwina Nsapu d'enrôler des enfants-soldats et d'avoir commis des atrocités, tout en dénonçant également l'usage disproportionné de la force par l'armée congolaise.

Michael Sharp et Zaida Catalan faisaient partie d'un panel d'experts de l'ONU recherchant des informations sur plus d'une quarantaine de fosses communes découvertes au Kasaï.

Samedi, la justice militaire congolaise avait annoncé l'ouverture du procès des présumés assassins de deux experts, sans en préciser la date.

Avec AFP