Le parquet fait appel de la condamnation d’Oscar Pistorius

Oscar Pistorius essuie ses larmes lors du prononcé de sa condamnation pour le meurtre de sa copine au tribunal de Pretoria, Afrique du Sud, 17 octobre 2014.

Le parquet sud-africain va tenter d'obtenir une condamnation pour "meurtre" et une peine de prison sévère contre Oscar Pistorius, qui doit sortir de prison dès vendredi, dix mois seulement après avoir été condamnée pour "homicide involontaire" de sa petite amie Reeva Steenkamp.

Peu après l'énoncé du verdict en octobre dernier -- cinq ans de prison pour "homicide involontaire --, l'accusation avait fait connaître son intention de faire appel contre cette peine "à la légèreté choquante". Mais le procureur devait encore déposer ses arguments par écrit auprès de la Cour suprême d'appel. Ce qui a été fait ce lundi.

Les avocats de l'ex-champion, aujourd'hui âgé de 28 ans, ont jusqu'au 17 septembre pour remettre à leur tour leur réponse écrite. La Cour doit statuer en novembre.

Pour le procureur, il est impensable que l'ancien champion paralympique ait tué "involontairement", puisqu'il a déchargé quatre balles de gros calibre contre la porte de ses toilettes en pleine nuit, exactement à hauteur d'homme, en pensant qu'un cambrioleur s'y était réfugié.

Pistorius, commente le parquet dans son argumentaire, "savait qu'il y avait un être humain derrière la porte (et il a) délibérément tiré dans la porte".

"La seule conclusion raisonnable, sur la base des faits énoncés, doit être que, au minimum, en prenant une arme, en marchant vers le cabinet de toilette avec l'intention de tirer, tout en sachant qu'il y avait un être humain derrière la porte, dans un espace très réduit, et en tirant quatre balles (...) il avait l'intention de tuer la personne dans le cabinet de toilette", indique le texte transmis à la Cour suprême d'appel.

"Le fait que la victime n'ait pas été finalement la personne que l'accusé voulait tuer (ou qu'il pensait tuer) est une erreur qui ne change rien sur le fond", poursuit le parquet.

Icône du sport déchu

L'accusation estime donc que la juge a fait une erreur d'interprétation du droit en ne retenant que l"homicide involontaire" et qu'elle aurait dû condamner le sportif pour "meurtre".

S'il était reconnu coupable de meurtre, il risquerait alors une peine d'au moins 15 ans de prison.

La thèse du parquet, selon laquelle l'athlète aurait abattu sa petite amie à l'issue d'une dispute, a en revanche été écartée par la juge, faute de preuves suffisantes.

En droit sud-africain, la procédure dite d'appel est plus proche de la cassation française que de l'appel proprement dit. Le procès n'est pas révisé sur le fond, mais uniquement sur la base du droit. Il s'agit pour les juges suprêmes de vérifier si la juge Thokozile Masipa a fait ou non une erreur d'interprétation des textes.

En attendant, Pistorius va bel et bien sortir de prison vendredi, après 10 mois de détention, comme le permet la loi sud-africaine. Il sera soumis à un strict régime de liberté surveillée, et ne pourra quitter son domicile qu'à des heures bien déterminées. Il portera probablement un bracelet de surveillance électronique, et devrait être soumis à des travaux d'intérêt général.

La mère de la victime, June Steenkamp, avait récemment déploré que l'homme qui a tué sa fille puisse sortir aussi vite de prison: "Je ne pense que ce soit assez pour quelqu'un qui a causé la mort d'une autre personne", avait-elle déclaré en mai, dans la presse sud-africaine.

Double amputé des pieds à la naissance, Pistorius était surnommé "Blade Runner", en référence aux lames de carbone sur lesquelles il courrait en compétition. Aidé par un physique avantageux, il était devenu une icône du sport mondial avant le drame, prenant le départ aux Jeux Olympiques de Londres 2012 avec les valides malgré son handicap.

Avec AFP