Le passage de tous les élèves tchadiens en classe supérieure crée la controverse

Les écoles publiques au Tchad n'ont pas encore ouvert leur porte, à N'Djamena, au Tchad, 19 septembre 2018. (André Kodmadjingar)

Après la suspension des classes au Tchad pour cause de pandémie, les autorités ont décidé de faire passer tous les élèves en classe supérieure. Ce mois d’octobre devra être consacré au rattrapage des cours qui n’ont pu se tenir depuis mars.

La rentrée scolaire 2020-2021, bien que progressive, est timide dans les écoles publiques sur l’ensemble du territoire tchadien. Le manque d’engouement des élèves à la reprise des cours s’explique par le refus de ces derniers, promus tous en classe supérieure, de prendre un mois de cours des classes antérieurs avant d’entamer la nouvelle année en novembre prochain.

Oualmi Baïwa, censeur d’un lycée littéraire de N’Djamena fustige le comportement de ces élèves.

Pour elle, même dans le programme pédagogique sans la loi du ministre, le 1er semestre est toujours consacré à la révision. Elle lance un appel aux élèves de reprendre le plus vite possible le chemin de l’école parce qu’ils ont mis 5 mois à la maison. Ils ont tout oublié et donc ce mois est très important pour qu’ils apprennent ce qu’ils n’ont pas appris et faire la révision conseille Oualmi Baïwa.

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Malgré la mauvaise interprétation de la décision par certains élèves, elle est aussi appliquée dans toute sa rigueur dans les lycées scientifiques.

"Les enfants par exemple de la 2nde qui passent en 1ère S, doivent rester en 1ère S tout en ayant à l’idée qu’ils vont faire des cours de la seconde. La même chose pour ceux de la 1ère S qui sont en terminale, parce que ces enfants si on leur demande de repartir en 2nde ou en 1ère ça serait encore un autre problème, et c’est cette stratégie que nous avons adoptée avec tous les enseignants. On finit l’année au mois d’octobre et les redoublants vont nous rejoindre le 2 novembre", a précisé Chamchaldine Mahamat Dahab, l’un des proviseurs du lycée scientifique de N’Djamena.

En revanche, les spécialistes pensent qu’il faut régler le problème d’une autre manière.

"La solution serait plutôt de ne pas faire passer systématiquement des élèves en classe supérieure. Il faut organiser le dernier trimestre restant avec un mois et demi de cours à l’issue duquel, il faut évaluer les élèves pour leur permettre de passer en classe supérieure", a déclaré Djimrassem Thales, pédagogue et enseignant chercheur au département des sciences de l’Education de l’université de N’Djamena.

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Pour lui, "ce qui crée actuellement de problème à la fois chez les élèves, enseignants et parents d’élèves, c’est le fait que les élèves sont déjà admis en classe supérieure et qu’on leur demande de faire encore un mois de cours de rattrapages pour pouvoir accumuler davantage de connaissances. Ce qui joue psychologiquement sur les enfants".

Il relève aussi que "l’orientation dans le cadre de notre système éducatif tchadien, commence à partir de la classe de 3ème. Maintenant l’élève qui passe en série "A", série "C" ou "D" quel est le critère retenu par les responsables des établissement pour orienter les élèves ?".

Le syndicat des enseignants du Tchad a commémoré ce lundi, la journée mondiale de l’enseignant.

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Rentrée des classes timide à N'Djamena