Le Pentagone dénonce la perversion de la vidéo du groupe Etat islamique sur l'attaque au Niger

L'enterrement d'un des soldats américains tués à Tongo Tongo, au Niger, le 21 octobre 2017.

Un groupe affilé à l'EI a publié ce week-end cette compilation d'images tirées des caméras installées sur les casques des soldats américains et de séquences filmées par les jihadistes eux-mêmes.

Le Pentagone s'est insurgé lundi contre la "perversion" du groupe Etat islamique (EI) qui a publié une vidéo choc de l'attaque contre des soldats américains en octobre au Niger, avec notamment des images en gros plan des corps des Américains.

Quatre Américains avaient été tués lorsqu'une patrouille de reconnaissance composée de 12 soldats américains des forces spéciales et 30 soldats nigériens était tombée dans une embuscade le 4 octobre à proximité du village de Tongo Tongo, à une centaine de kilomètres de Niamey, près de la frontière avec le Mali.

Les soldats avaient été attaqués par un groupe d'une cinquantaine de combattants affiliés à l'EI équipés d'armes automatiques, de grenades et de mitrailleuses. Le corps de l'un des Américains, le sergent La David Johnson, n'avait été retrouvé que le lendemain.

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Au son de chants islamistes, la vidéo de neuf minutes montre trois soldats américains sous le feu des assaillants. Leur vulnérabilité, alors qu'ils circulent dans des véhicules 4x4 non blindés, est particulièrement apparente.

Les soldats tombent un à un avant que leur corps ensanglanté ne soit filmé par les jihadistes. L'un d'eux est achevé sous l'oeil de la caméra.

Le ministère américain de la Défense "est informé de la publication de photos et d'une vidéo de propagande sur l'attaque terroriste du 4 octobre au Niger", a indiqué le Pentagone dans un communiqué.

"Cette publication montre la perversion de l'ennemi que nous combattons", a ajouté le ministère américain de la défense.

Des premières images de cette attaque avaient commencé à circuler en janvier sur Twitter. Elles montraient un soldat en uniforme américain allongé sur le sol et semblaient avoir été prises par la caméra fixée sur le casque d'un autre soldat.

La vidéo publiée ce week-end montre les mêmes images, mais elle est plus complète et insiste longuement sur les Américains couverts de sang. Isolés du reste de la patrouille, trois soldats américains tentent de s'abriter derrière leur voiture et envoient une grenade de fumée rouge pour tenter de se dissimuler de l'assaillant, mais le paysage semi-désertique ne leur offre pas beaucoup de couverture.

Dépassés par le feu ennemi, ils finissent par courir vers des buissons mais l'un des soldats tombe, blessé. La vidéo sur son casque montre son agonie pendant plusieurs minutes avant qu'un assaillant l'achève d'une balle dans la tête.

Ces images sont d'autant plus choquantes qu'aux Etats-Unis, on ne montre que très rarement les cercueils de soldats tombés au combat. Le Pentagone a d'ailleurs demandé aux médias de ne pas les diffuser ni de "leur accorder une attention excessive" car à cause d'elles, les familles des soldats tués sont "doublement victimes".

En outre, leur accorder de l'importance favorise le recrutement des groupes jihadistes, a plaidé le Pentagone, qui tarde à publier un rapport sur les circonstances précises de l'embuscade ainsi que sur la nature de la mission des soldats des forces spéciales américaines ce jour-là.

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"Vous êtes complices de la propagande de l'EI si vous le faites", a même affirmé aux journalistes un porte-parole du Pentagone, le colonel Rob Manning, soulignant que le Pentagone ne confirmait pas l'authenticité de ces images.

L'AFP a publié une version fortement expurgée de la vidéo.

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Le Pentagone dénonce la "perversion" de la vidéo de l'Etat islamique sur l'attaque au Niger (vidéo)

Interrogé sur le rapport du Pentagone, qui n'a toujours pas été publié cinq mois après les faits, le porte-parole a indiqué que le chef du commandement américain pour l'Afrique (Africom), le général Thomas Waldhauser, l'avait remis au ministre de la Défense Jim Mattis. Ce dernier "est en train de l'étudier", a-t-il précisé.

Avec AFP