Le pétrole "peut et doit" rassembler les Libyen

Un rebelle anti-gouvernement est assis avec une arme anti-aérienne devant une raffinerie de pétrole à Ras Lanouf, est de la Libye, 5 mars 2011.

Le pétrole "peut et doit être" le ferment de la réconciliation et de l'unité des Libyens, a déclaré jeudi le directeur de la compagnie nationale de pétrole (NOC), au lendemain d'une reprise des exportations.

"Le pétrole peut et doit être un moteur de l'unité nationale", affirme Mustafa Sanalla, dans un entretien écrit accordé depuis Tripoli à l'AFP.

M. Sanalla joue un rôle clé en Libye en dirigeant la NOC, acteur majeur du pétrole, principale ressource économique du pays d'Afrique qui en possède les réserves les plus importantes.

Profondément affectée par les crises successives depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, la compagnie nationale a la lourde charge de relancer la production, qui a été divisée par cinq depuis 2010, et les exportations.

"La première mission de la NOC est d'accroître la production et les revenus pour le bénéfice de tous les Libyens", souligne M. Sanalla. "Surmonter nos différends politiques a déjà pris du temps et pourrait en prendre encore davantage. Mais nous ne devons pas négliger ce dont ont besoin nos compatriotes: la nourriture, la santé, l'essence, l'électricité...".

"Sans la reprise des exportations, nous pourrions ne plus avoir de ressources l'an prochain", avertit M. Sanalla. Car "ce n'est pas un secret que le pays va droit vers l'effondrement financier" avec un "énorme déficit" budgétaire.

Un signal positif a été donné mercredi avec le départ d'un tanker du port pétrolier de Ras Lanouf (nord-est) pour l'Italie avec 776.000 barils de pétrole à son bord, le premier depuis ce port depuis novembre 2014.

A cette date, des combats avaient éclaté pour le contrôle des terminaux du "Croissant pétrolier" et aucune goutte de pétrole n'avait depuis pu sortir de Ras Lanouf.

Ces terminaux sont passés depuis dix jours sous le contrôle des forces du maréchal controversé Khalifa Haftar allié des autorités rivales au gouvernement d'union nationale (GNA) reconnu par la communauté internationale.

Néanmoins, la NOC, basée à Tripoli comme le GNA, en a gardé la gestion.

Selon M. Sanalla, la question délicate des recettes des exportations pétrolières ne devrait pas poser problème. Car "sur la base d'un mécanisme mis en place bien avant la révolte de 2011 et des restrictions imposées par l'ONU, toutes les recettes doivent être directement versées à la Banque centrale", explique-t-il.

Depuis début 2013, les pertes en termes de recettes pétrolières "sont estimées à plus de 100 milliards de dollars", a indiqué M. Sanalla.

La NOC a indiqué cette semaine avoir augmenté la production à 390.000 barils/jour et visait à la porter rapidement à 600.000 bj. Les réserves de la Libye sont estimées à 48,3 milliards de barils de pétrole et 1,5 milliard de m3 de gaz.

Avec AFP