C’est sur la demande constante de l’Union des organisations des femmes vendeuses de poisson du Tchad que deux marchés modernes ont été construits entre 2015 et 2017 par les autorités de N’Djamena.
L’un, dans la commune du 6e arrondissement municipal et l’autre dans la commune du 7e arrondissement, deux arrondissements situés au Sud de la capitale, N’Djamena.
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Ces deux projets visent non seulement à développer le secteur de la pêche, mais aussi et surtout, à parvenir à l’autonomisation de la femme.
Ces projets s’insèrent notamment dans la Stratégie Nationale de Réduction de la Pauvreté dont les priorités sont la restauration et la sauvegarde des écosystèmes.
Ces deux marchés modernes contiennent chacun, des centaine de places, des latrines modernes, des chambres froides et des apparil de production de glaces pour garder les poissons au frais. Mais ces vendeuses abandonnent ces marchés pour s’installer aux abords des principales rues obstruant ainsi la circulation à des heures de pointe.
Certaines vendeuses affirment qu’elles sont à la recherche de la clientèle, car disent-elles, les clients hésitent à rentrer à l’intérieur du marché de peur que leurs engins garés devant le bâtiment ne soient volés.
"Nous sommes exposées aux accidents de la voie publique, mais c’est Dieu seul qui nous protège", expliquent-elles à VOA Afrique.
D’autres encore nous apprennent qu’il n’y a pas d’électricité à l’intérieur de ce marché dit moderne. Raison pour laquelle, elles sont sorties le soir au bord du goudron pour bénéficier de la lumière des lampadaires.
"Nous courons toutes un risque, mais nous y sommes contraintes puisque c’est la seule activité qui me permet de nourrir mes enfants, payer le loyer et de me prendre en charge" déclare d'un ton un peu désespéré une vendeuse assise au bord de l’avenue Mobutu avec quelques poissons dans sa bassine.
Fihil Agoï, présidente de l’Union des organisations des femmes vendeuses de poisson du Tchad, est consciente du risque que ces femmes encourent tous les jours pour gagner leur vie.
Cependant, elle accuse les transporteurs de poisson et les agents de la police du 6e arrondissement municipal d’être à l’origine de ce désordre.
"Ces transporteurs veulent qu’on leur donne la moitié de nos hangars parce que, disent-ils, ce sont eux qui nous ont amené les poissons du Lac Tchad. Mais nous n’avons pas cédé et ils ont réussi à nous diviser en amenant certaines vendeuses dans des lieux insalubres", a-t-elle indiqué.
Selon elle, les agents de la police municipale que la commune a envoyé pour assurer l’hygiène et l’assainissement profitent de la naïveté de ces femmes pour collecter 250 FCFA chaque jour pour les autoriser à rester.
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La présidente de l’Union des organisations des femmes vendeuses de poisson du Tchad, Fihil Agoï assure que des rencontres ont eu lieu avec ces femmes pour leur réinstallation à l’intérieur du marché.
"Celles qui oseraient repartir encore s’installer au bord du goudron, nous allons appliquer nos textes de base" précise Fihil Agoï.
Le maire adjoint de la commune du 6e arrondissement de l’Union des organisations des femmes vendeuses de poisson du Tchad, réfute les allégations portées contre ses agents par la présidente de l’Union des organisations des femmes vendeuses de poisson du Tchad.
Abakar Khamis, maire adjoint du 6e arrondissement de N’Djamena, trouve paradoxal qu’une institution comme l’Union des organisations des femmes vendeuses de poisson du Tchad, qui a demandé et obtenu la construction d’un marché moderne, laisse ses adhérentes s’installer ailleurs et qu’elle demande à une autre institution de faire pression pour qu’elles réintègrent leur propre marché.
"Ces femmes doivent se sensibiliser elles-mêmes et si elles ont besoin du soutien des autorités municipales, nous allons déployer la police pour les aider à faire entrer ces femmes récidivistes au sein du marché", conclut Abakar Khamis.
S’agissant de la coupure intempestive d’électricité dans le marché du 6e arrondissement qui ne permet pas à ces vendeuses de garder leurs produits aux frais, VOA Afrique a contacté le gestionnaire du marché qui n'a pas souhaité communiquer.