Liszt Quitel est nommé ministre intérimaire de la Justice et de la Sécurité publique, indique le numéro spécial du journal officiel Le Moniteur, daté du 15 septembre. Il occupe déjà depuis le 20 juillet le portefeuille de l'Intérieur.
Cette nomination intervient alors que la confusion règne en Haïti plus de deux mois après le meurtre du chef de l'État dans sa résidence privée, en pleine nuit, par un commando armé.
Mardi matin, le commissaire du gouvernement (équivalent du procureur) de Port-au-Prince a demandé au juge chargé d'instruire le dossier d'inculper M. Henry.
Me Bed-Fort Claude avait préalablement écrit, vendredi, au chef du gouvernement pour l'inviter à se présenter volontairement au parquet afin de s'expliquer sur le contenu des appels téléphoniques qu'il aurait eus avec l'un des principaux suspects du meurtre.
Ancien cadre de l'unité de lutte contre la corruption, dépendante du ministère de la Justice, Joseph Félix Badio aurait été géolocalisé dans le quartier où se situe la résidence privée de Jovenel Moïse lors des appels passés à Ariel Henry à 04h03 puis 04h20 la nuit de l'attentat.
Samedi, le Premier ministre avait alors dénoncé la démarche du procureur, la qualifiant de diversion.
L'enquête sur l'assassinat du président Jovenel Moïse ayant été attribuée à un juge d'instruction, le procureur ne peut légalement plus intervenir sur le dossier et c'est sur ce motif qu'Ariel Henry a limogé Me Claude mardi soir.
La révocation, mercredi, du ministre de la Justice Rockfeller Vincent intervient alors que le Premier ministre, sur la sellette, a reçu l'appui de la communauté internationale, longtemps restée muette face à cette crise politique.
Les diplomates membres du Core Group (qui rassemble les représentants en Haïti des Nations unies, de l'Union européenne, de l'Organisation des Etats américains ainsi que des ambassades d'Allemagne, du Brésil, du Canada, de la France, des Etats-Unis et de l'Espagne) ont rencontré Ariel Henry à sa résidence officielle.
"Le Core Group (...) encourage les efforts entrepris par le Premier ministre, les acteurs politiques, et la société civile haïtienne pour trouver un accord consensuel permettant la mise en place d'un gouvernement inclusif et d'accélérer le retour à un fonctionnement normal des institutions démocratiques par la tenue d'élections", selon le communiqué publié mercredi soir.
Le corps diplomatique insiste par ailleurs pour que "toute la lumière soit faite sur l'assassinat du président de la République Jovenel Moïse et que ses auteurs soient recherchés et traduits en justice, dans le respect des principes de l'Etat de droit".
Lire aussi : Haïti prépare les funérailles sous tension du président Jovenel MoïseFace aux luttes intestines pour la gestion du pouvoir, les citoyens sont désabusés par le fait que leurs urgences du quotidien soient relayées au second plan.
Déjà minée par la pauvreté extrême, Haïti s'est davantage enfoncée dans une crise humanitaire suite au puissant séisme qui a ravagé le sud-ouest de l'île le 14 août, tuant plus de 2.200 personnes.