Le Premier ministre marocain "attristé" par les violences à Al-Hoceïma

La police anti-émeute bloque des protestataires lors d'une manifestation dans la ville nordique d'Al-Hoceima, Maroc, 1er juin 2017.

Le chef du gouvernement marocain Saâd Eddine El Othmani a exprimé "son regret et sa tristesse" après les violences qui ont éclaté en début de semaine à Al-Hoceïma (nord), ont rapporté les médias publics.

Dans une déclaration à la presse locale mercredi soir, M. El Othmani a "exhorté la population locale à coopérer" après les "douloureux évènements" du début de semaine, tout en "insistant sur la nécessité (...) d'enquêter sur tout abus" présumé par les forces de l'ordre.

Epicentre d'un mouvement de contestation qui secoue le nord du royaume depuis huit mois, la ville d'Al-Hoceïma et des localités environnantes ont été lundi et mardi le théâtre de violents affrontements entre manifestants et policiers.

Près de 80 policiers ont été blessés, selon un bilan officiel. Le nombre de blessés du côté des manifestants n'est pas connu, tandis qu'environ 150 personnes ont été arrêtées ces trois derniers jours, dont une quarantaine étaient toujours détenues mercredi, selon des défenseurs des droits de l'Homme.

Il s'agit d'une des journées les plus violentes depuis le début des manifestations en octobre revendiquant le développement de la région.

Les protestataires réclament désormais la libération des principales figures de la contestation, toutes arrêtées depuis fin mai dans un virage sécuritaire très critiqué dans le pays.

L'Etat marocain avait relancé ces derniers mois un vaste programme de développement dans la province. Mais le roi Mohammed VI a tancé dimanche ses ministres pour la "non-exécution dans les délais impartis" de ces projets.

Le gouvernement "est mobilisé pour concrétiser ces décisions (du roi) et mener à bien le suivi de leur exécution", a déclaré à ce propos M. El Othmani, qui a annoncé "une série de mesures d'urgence" pour rattraper les retards, et la convocation la semaine prochaine d'une réunion des partis de la majorité.

El Othmani, un islamiste à la tête d'une coalition surtout dominée par des ministres technocrates vus comme proches du Palais, se retrouve "en posture difficile face à une crise qui lui échappe alors qu'une bronca au sein de son parti, le PJD, atteste des tensions politiques subies par un exécutif conspué de toutes parts", commentait jeudi matin le site d'info Le Desk.

Les réseaux sociaux ont par ailleurs relayé une lettre démission collective de cinq maires de la province d'Al-Hoceïma, qui ont dénoncé "l'approche sécuritaire" de l'Etat et la "répression".

Avec AFP