Le Premier ministre malien satisfait de la réaction du gouvernement après les exécution de civils

Le Premier ministre malien Soumeylou Boubeye Maïga à son arrivée à l'hôtel Matignon, à Paris, le 26 juin 2018.

Le Premier ministre malien a estimé mercredi avoir pris les "mesures qui s'imposent" après la mort de 12 civils exécutés par l'armée dans le centre du pays, affirmant notamment que des officiers aptes à gérer ces "situations de tensions" ont été postés dans la zone.

Mardi, la Mission des Nations unies au Mali (Minusma) a conclu que le 19 mai, des éléments du bataillon malien de la force conjointe G5 Sahel ont exécuté sommairement 12 civils dans un marché au bétail de la localité de Boulkessy (centre).

Le Premier ministre Soumeylou Boubeye Maïga, actuellement en visite en France, a dit lors d'une entretien avec des journalistes à Paris "regretter" et "déplorer" ces exécutions, tout en ajoutant: "ce sont des incidents qui vont avec ce type d'intervention".

Les faits s'étaient déroulés après la mort d'un militaire malien lors d'une patrouille sur un marché de Boulkessy. Ces derniers mois, les annonces par l'armée malienne de la "neutralisation de terroristes" dans le centre ont souvent été contestées par les organisations de défense des droits de l'homme et par des habitants, qui ont dénoncé des exécutions extrajudiciaires.

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"C'est la complexité et la difficulté du terrain sur lequel nous sommes, nous combattons des gens qui ne sont pas en uniforme et toutes les armées ont connu ce type de situation", a souligné M. Maïga.

"Le plus important, a-t-il renchéri, c'est que nous avons pris les mesures disciplinaires qui s'imposent", en retirant les militaires impliqués du théâtre d'opérations et en confiant leur dossier au procureur militaire.

"Nous attendons les conclusions de ces enquêtes pour pouvoir prendre des sanctions rapides, visibles et dissuasives, parce que l'enjeu est de préserver la crédibilité des opérations, le moral de nos troupes et les relations de coopération avec nos différents partenaires", a-t-il martelé.

M. Maïga a précisé que "le niveau du commandement" sur le terrain avait été "relevé", afin qu'il soit composé d'officiers "qui peuvent mieux gérer les situations de tensions".

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Malgré l'accord de paix au Mali signé en mai-juin 2015, les violences jihadistes ont persisté et se sont propagées du nord vers le centre et le sud du pays, puis au Burkina Faso et au Niger voisins, se mêlant souvent à des tensions ou des conflits intercommunautaires.

La force militaire G5 Sahel, poussée par la France, est une unité antijihadiste naissante, formée de troupes du Niger, de Mauritanie, du Tchad, du Mali et du Burkina Faso. Elle est soutenue par la force militaire française antijihadiste au Sahel Barkhane.

Malgré cette situation dans le centre, M. Maïga n'est "pas inquiet" pour le déroulement de l'élection présidentielle du 29 juillet dans cette région, estimant que ces incidents sont "très localisés".

Cette zone du centre est devenue "la zone de repli" pour les groupes qui ont été chassés du nord, a-t-il déclaré, qui a assuré que le dispositif militaire allait être "réarticulé" pour "stabiliser cette zone".

"L'action de Barkhane, en partenariat avec nos forces, celles du Niger ou du Burkina ont contribué à casser la colonne vertébrale de ces groupes (dans le nord) qui ont enregistré beaucoup de pertes (...) et essaient d'envoyer des renforts dans le centre pour y entretenir des cellules", a-t-il relevé.

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Interrogé sur les violences qui se multiplient entre communautés dans le centre du pays, M. Maïga a affirmé que "ni l'Etat malien, ni l'armée malienne n'entretiennent de force supplétive dans ces zones". "L'Etat et l'armée ne combattent pas de communauté en particulier dans ces zones", a-t-il insisté.

Ces violences opposent depuis trois ans des Peuls, traditionnellement éleveurs, et les ethnies bambara et dogon, pratiquant majoritairement l'agriculture.

Les Peuls dénoncent régulièrement des exactions à leur encontre, au nom de la lutte contre les jihadistes, de la part de chasseurs armés (appelés "dozos" et traditionnellement membres de l'ethnie dogon), tolérés voire encouragés selon eux par les autorités ou l'armée, ce que dément le gouvernement.

Avec AFP