Le premier quotidien du pays licencie la moitié de ses effectifs en Côte d'Ivoire

Le journal ivoirien "Fraternite Matin" lors d'une grève à Abidjan, le 5 décembre 2017.

Le quotidien d'Etat Fraternité Matin, premier journal de Côte d'Ivoire, va licencier près de la moitié de ses effectifs pour redresser ses comptes, selon une note transmise aux représentants du personnel.

La Société nouvelle de presse et d'édition de Côte d'Ivoire (SNPECI), propriété de l'Etat ivoirien et éditrice du journal, va licencier "123 employés", qui s'ajoutent à "32 départs volontaires", selon cette note datée du 16 novembre, soit 155 départs sur un effectif total de 339 personnes.

Onze journalistes figurent parmi les licenciés, selon la note, ce qui représente un quart de la rédaction, d'après Théodore Sinzé, journaliste au service politique, secrétaire général adjoint du Syndicat des agents de Fraternité Matin, lui-même sur la liste des licenciés.

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Pour justifier ce plan social massif qui doit prendre effet le 18 décembre, la SNPECI invoque dans sa note sa situation financière très dégradée.

"La société a enregistré des pertes cumulées de 2,3 milliards de francs CFA (3,6 millions d'euros) sur la période 2012-2017, portant ainsi les déficits cumulés de l'entreprise à 10 milliards de FCFA (15 millions d'euros) à fin 2016", selon la note.

Le chiffre d'affaires de la SNPECI s'est élevé à 4,8 milliards de FCFA (7,3 millions d'euros) en 2017, selon ce document.

Les ventes du quotidien Fraternité Matin atteignent moins de 5.000 exemplaires par jour, selon les chiffres publiés par le Conseil national de la presse ivoirien sur son site internet.

"Ce plan social ne va rien redresser du tout", c'est un "règlement de comptes", a fustigé Théodore Sinzé, qui accuse de "mauvaise gestion" et de "détournement de fonds ahurissants" le directeur général de "Fratmat" Venance Konan.

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"Le fond du problème c'est que nous avons dénoncé la gestion de Venance Konan", ajoute M. Sinzé, notant que 11 représentants du personnel et plusieurs directeurs figurent parmi les licenciés.

"On va contester ce plan devant la justice", a annoncé M. Sinzé. Une assemblée générale du personnel est convoquée pour jeudi.

Contacté par l'AFP, le directeur général adjoint du groupe Serge Abdel Nouho a fait valoir que "le plan de redressement" de la société comportait plusieurs volets, pas seulement des licenciements, et qu'il avait été adopté par le conseil des ministres en novembre 2017.