Le président de la Fédération espagnole de football en garde à vue

Le président Fédération espagnole de football (RFEF) Angel Maria Villar, 25 février 2016.

Le président Fédération espagnole de football (RFEF) Angel Maria Villar est soupçonné des détournements des fonds.

Le controversé président de la Fédération espagnole de football (RFEF) Angel Maria Villar a été placé en garde à vue mardi matin, visé par une nouvelle procédure judiciaire, cette fois pour des détournements présumés, a-t-on appris de source judiciaire.

Angel Maria Villar, 67 ans, dont 29 à la tête de la RFEF, a été arrêté avec son fils Gorka, ancien dirigeant de la Confédération sud-américaine de football (Conmebol), a annoncé à l'AFP une source judiciaire.

Le vice-président de la Fédération, Juan Padron, en charge des affaires économiques, et le secrétaire de la Fédération régionale de Tenerife, Ramon Hernandez Baussou, ont également été arrêtés dans cette enquête qui porte notamment sur des soupçons de malversations en marge de l'organisation de matches internationaux, a précisé cette source à l'AFP.

Un juge d'instruction de l'Audience nationale, haut tribunal chargé des affaires politico-financières, dirige l'enquête "pour corruption entre particuliers, abus de confiance, détournements et faux en écriture présumés".

"Le président de la RFEF pourrait avoir impulsé la tenue de matches entre la sélection espagnole de football avec d'autres sélections, qui ont rendu possibles des contreparties prenant notamment la forme de prestation de services (...) au bénéfice de son fils, avocat spécialisé dans le droit sportif", précise dans un communiqué la Garde civile, qui a procédé aux arrestations.

Selon plusieurs médias espagnols, il aurait organisé des matches amicaux dans ce but, notamment en juin 2016, en Corée du Sud.

- Un règne sans partage depuis 1988 -

L'enquête a commencé début 2016 après une plainte du Conseil supérieur des sports (CSD) espagnol, ajoute la Garde civile.

Angel Maria Villar était en conflit ouvert avec Miguel Cardenal, à l'époque président du CSD, qui souhaitait contrôler davantage le financement des fédérations sportives.

"Personne n'est intouchable, tout le monde doit obéir à la loi", a réagi Iñigo Méndez de Vigo, le porte-parole du gouvernement espagnol à la télévision publique, en apprenant la nouvelle.

Des perquisitions, visant entre autres le siège de la RFEF à Las Rozas, près de Madrid, ont été ordonnées, selon une source judiciaire, alors que la Fédération doit se réunir jeudi pour valider le calendrier de la prochaine saison de championnat.

En début d'après-midi, Villar a d'ailleurs été aperçu, encadré par des gardes civils, arrivant à la RFEF, pour assister à des perquisitions.

Angel Maria Villar Llona, qui règne sans partage sur le football espagnol depuis 1988, a été réélu en mai à la tête de la Fédération.

Également vice-président de la Fifa et de l'UEFA, il avait résisté à la tempête judiciaire ayant emporté en 2015 les présidents de ces institutions, le Suisse Joseph Blatter et le Français Michel Platini, mais avait dû renoncer à briguer la présidence de l'instance du football européen.

Mais l'ancien joueur de l'Athletic Bilbao et de la sélection espagnole (22 capes), n'en est pas à ses premiers déboires judiciaires et disciplinaires. L'un de ses nombreux ennemis, le patron de la Ligue espagnole professionnelle Javier Tebas, l'a ainsi qualifié de "seigneur féodal".

- 'Conduites despotiques' -

Il est impliqué dans une enquête sur une subvention publique de 1,2 million d'euros pour construire une école de football en Haïti qui n'est jamais sortie de terre. La RFEF a rendu l'argent au CSD, mais une procédure judiciaire est toujours ouverte.

Début 2016, le CSD avait également demandé l'ouverture d'une procédure disciplinaire pour un possible traitement de faveur d'un club de troisième division, le Recreativo de Huelva.

Et Angel Maria Villar avait écopé en 2015 d'une amende de 25.000 francs suisses (23.150 euros) infligée par la commission d'éthique de la Fifa, qui lui reprochait de ne pas avoir suffisamment collaboré dans l'enquête sur l'attribution des Coupes du monde 2018 et 2022, respectivement à la Russie et au Qatar.

Le journal El Pais dénonçait en mai, après sa dernière réélection, ses "conduites despotiques" et "ses liens étroits avec les dirigeants de la Fifa et de l'UEFA impliqués dans les affaires mondiales de corruption".

Mais c'est sous sa direction que l'équipe d'Espagne a remporté ses plus grands succès sur la scène internationale, devenant championne du monde en 2010 et double championne d'Europe en 2008 et 2012.

Sollicitée par l'AFP, la Fifa a souligné que le placement en garde à vue d'Angel Vilar était "liée à des affaires internes à la Fédération espagnole".

Avec AFP