"La nation ... sans As-Safir", titrait en une le quotidien, fondé un an avant le début de la guerre civile du Liban (1975-1990) et connu pour ses positions panarabes et très critique de la politique des Etats-Unis dans le monde arabe.
"Nous n'avons plus de fonds", avait confié en mars à l'AFP Talal Salmane, fondateur et rédacteur en chef du journal réputé pour son soutien au mouvement chiite libanais Hezbollah et au régime syrien.
Avec son slogan "la voix des sans voix", As-Safir avait accueilli dans ses colonnes les plus grands intellectuels arabes, comme les poètes syrien Adonis et palestinien Mahmoud Darwich.
D'après ses employés, le quotidien a promis de leur verser des compensations à la mi-janvier.
En plus de la crise mondiale que connaît la presse écrite à l'âge du numérique, les quotidiens libanais, autrefois gloire de la presse arabe, souffrent de la forte baisse des fonds accordés par des régimes aujourd'hui disparus ou vacillants après le Printemps arabe.
Les difficultés financières n'épargnent pas non plus le rival d'As-Safir, An-Nahar, le plus ancien quotidien libanais encore en circulation depuis 1933.
Vendredi, une quarantaine d'employés ont reçu une lettre de l'administration les priant de ne plus se rendre au travail à partir de janvier jusqu'à ce que "la crise économique" du quotidien soit réglée, a indiqué à l'AFP un des journalistes concerné.
Le courrier précise toutefois "qu'il ne s'agit pas d'un licenciement". Depuis près de 15 mois, An-Nahar ne paie plus les salaires.
La presse écrite "connaît une crise nationale majeure à laquelle l'Etat doit faire face", a estimé vendredi le syndicat des journalistes dans un communiqué.
"La presse libanaise représente la mémoire nationale du Liban (...), cette richesse culturelle ne doit pas être sacrifiée", souligne le syndicat, qui précise que "des milliers de familles sont menacées" par la crise.
Avec AFP