Le principal parti d'opposition porte plainte contre le gouvernement

Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, président de la Guinée équatoriale, lors du Sommet de la paix de Nelson Mandela, à New York, le 24 septembre 2018.

Le principal parti d'opposition de Guinée équatoriale, dissous par la justice en 2018, a annoncé avoir porté plainte contre le ministère de la Sécurité notamment pour "assassinats", "viols" et "tortures", selon un communiqué.

Dans cette plainte déposée mi-janvier par le parti Citoyens pour l'innovation (CI), le ministère de la Sécurité "et subsidiairement le gouvernement" sont accusés de "détentions illégales, d'agressions physiques avec arme à feu, assassinats, viols" de ses militants.

La plainte reproduite dans le communiqué fait état d'une longue liste de faits reprochés aux agents du ministère de la Sécurité depuis 2016.

Parmi ces faits, le CI accuse le ministère d'être responsable de la mort de deux de ses militants. Ces derniers seraient décédés des suites de tortures infligées dans un commissariat en janvier 2018 pour l'un, et en prison en juillet 2018 pour l'autre.

Le parti accuse également les forces de l'ordre d'avoir "assiégé son siège national et régional", à Malabo et Bata, la capitale économique.

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Cette plainte de CI contre le gouvernement de Malabo n'a pratiquement aucune chance d'aboutir, estime un observateur de la politique équatoguinéenne.

Il y a un an, le 26 février 2018, CI a été dissous par la justice, à la fin d'un procès d'une centaine de ses militants, arrêtés fin décembre 2017 après des échauffourées avec les forces de l'ordre pendant la campagne des législatives de novembre.

Depuis, c'est l'hécatombe pour ce parti qui avait - fait rare en Guinée équatoriale - réussi à galvaniser des milliers de militants pendant cette campagne.

En mai 2018, la Cour suprême a condamné à trente ans de prison 21 de ses militants. Parmi eux figure le seul député d'opposition à l'Assemblée nationale.

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Début février 2018, l'Union européenne s'était inquiétée de la "forte détérioration de la situation des droits de l'homme" en Guinée équatoriale, tout comme Amnesty International.

Le régime du président Teodoro Obiang Nguema, au pouvoir depuis 1979, est régulièrement accusé d'atteintes aux droits de l'homme par ses opposants et des organisations internationales.