En raison de son état de santé "très mauvais", le chef du Mouvement islamique du Nigeria (IMN) ne s'est pas rendu lundi matin à son procès, tenu dans la grande ville de Kaduna (nord), a déclaré son avocat Femi Falana.
"A sa dernière audience, il ne pouvait même pas monter les marches" de la Cour, a ajouté l'avocat, soulignant que le juge avait été informé de son absence et avait donné son accord à un report du procès.
Les avocats d'Ibrahim Zakzaky demandent sa libération sous caution pour qu'il puisse aller se faire soigner en Inde.
"Nous avons assez de facilités médicales -au Nigeria- pour le soigner", affirme de son côté le procureur Dari Bayero. "C'est ce que nous avons défendu devant la Cour", a-t-il déclaré aux journalistes, à l'issue d'une audience qui n'était pas ouverte aux médias.
"La Cour jugera lundi (5 août, ndlr) s'il peut partir" ou être "soigné dans les hôpitaux de ce pays", a ajouté le procureur.
"Nous sommes mécontents de savoir que le procès a été ajourné, compte tenu de la santé fragile du Cheikh", a confié à l'AFP Ibrahim Musa, porte-parole du MIN. "Mais nous ne pouvons rien y faire, nous devons attendre le verdict (...). Les manifestations vont continuer car nous ne pouvons pas nous croiser les bras, pendant que notre chef est en train de mourir".
La présidence nigériane a annoncé dimanche l'interdiction totale pour "terrorisme et activités illégales" du MIN, un mouvement chiite radical, après une série de manifestations meurtrières dans la capitale Abuja.
Au moins six manifestants, un journaliste et un policier ont été tués le 22 juillet dans des violences qui ont éclaté pendant une marche organisée pour demander la libération d'Ibrahim Zakzaky.
Le MIN, né en tant que mouvement étudiant en 1978 avant de muer en groupe révolutionnaire inspiré par la révolution islamique en Iran, est aujourd'hui encore proche de Téhéran et suscite une grande hostilité au Nigeria, où l'élite musulmane sunnite ne cache pas ses affinités avec l'Arabie saoudite.
Son chef Ibrahim Zakzaky est détenu depuis décembre 2015 après que des violences avaient éclaté pendant une procession religieuse. L'armée avait tiré, faisant plus de 350 morts, pour la plupart des chiites non armés, selon des organisations de défense des droits humains.