Le pré-dialogue tchadien reprend mercredi au Qatar

Dr Sitack Yombatinan Beni in N'Djamena, Chad.

Reprise ce 16 march 2022 du pré-dialogue tchadien qui réunit le gouvernement et les groupes politico-militaires à Doha, au Qatar. Les participants ont harmonisé leurs positions et la question du nombre des représentants a été résolue.

Nous allons reprendre les pourparlers à 9h [locale]. On nous avait donné 72h. … On voulait aussi harmoniser nos positions”, a confié à Voaafrique Abdallah Chidi Djorkodei, représentant du Front de la Nation pour la Démocratie et la Justice (FNDJT), l’un des mouvements politico-militaires tchadiens, présents à Doha.

Le pré-dialogue entre le pouvoir de Ndjamena et les groupes politico-militaires tchadiens a été suspendu peu après l'ouverture des travaux dimanche à Doha au Qatar. Les participants se sont donné trois jours pour accorder leurs violons.

Ce qui a été finalement fait mardi soir. Le nombre des représentants a été fixé à 10 représentants du côté des politico-militaires et 10 du côté du gouvernement, a-t-il précisé.

Ces quotas, notamment le nombre des groupes politico-militaires présents au pré-dialogue, 52 au total, étaient une des questions qui avaient concouru à l’interruption des travaux juste après leur ouverture.

Chidi Djorkodei accuse le régime de Ndjamena d’avoir créé des mouvements rebelles pour essayer de diluer les autres.

Aujourd’hui on sait qu’il y a des politico-militaires qui ont été fabriqués. C’est des citoyens, des civils, des exilés, etc, qui sont devenus du jour au lendemain des politico-militaires. On a fabriqué des choses comme ça pour faire du remplissage. Tout ça a irrité les vrais mouvements [politico-militaires] qui ne sont pas nombreux”, dénonce pour sa part le docteur Sitack Yombatinan Beni, vice-présent des Transformateurs chargé de la réforme et de la gouvernance; et l’un des porte-paroles de la coalition d’opposition et de la société civile Wakit Tama.

Autre point de discorde, l’agenda, qui n’avait pas prévu qu’il y ait “de prise de parole des politico-militaires”, témoigne le représentant du FNDJT.

Toutefois, les participants au pré-dialogue tchadien ne sont pas encore sortis de l’auberge. Pour pouvoir poursuivre les travaux, ils doivent à présent d’abord gérer la question du role du Qatar, lequel n’a pas encore accepté d’être médiateur.

Selon M. Djorkodei, si le Qatar refusait d’assurer la médiation, les assises pourraient être délocalisées en Arabie Saoudite ou en Turquie, qui s’étaient proposés à assumer cette responsabilité.

Ce pré-dialogue est capital car il est censé permettre la participation de tous les groupes rebelles tchadiens au dialogue national inclusif qui sera organisé à Ndjamena en mai.

Mais certains n’en sont pas si convaincus. “Les gens sont toujours dans des calculs mesquins. C’est pas le Tchad qui est important; c’est leurs intérêts égoïstes personnels qui sont sur la table. J’ai peur que la réunion de Doha soit encore une fois un lieu de partage de gateaux et que les vraies questions ne soient pas discutées”, craint le docteur Beni Sitack Yombatina.

Il déplore le “spectacle désolant” qu’offre le Tchad. “Il faut sortir le Tchad de cette honte. Un pays qui passe ses 63 ans d’indépendance dans des rebellions et des guerres et qui continue encore au XXième siècle à offrir des spectacles désolants à l’étranger sous prétexte de dialogue. On n’a pas besoin de tous ces dialogues. On ne va pas passer toute notre vie dans des dialogues, dans des transitions.”, a-t-il déclaré à Voaafrique.