Le président Idriss Déby Itno devient maréchal pour les 60 ans de l'indépendance

Idriss Déby Itno, président de la république du Tchad, le 21 août 2019. (VOA/André Kodmadjingar).

Le Président Idriss Déby Itno a été officiellement élevé à la dignité de maréchal du Tchad au cours d'une cérémonie à l'Assemblée nationale mardi, jour du 60e anniversaire de l'indépendance du Tchad.

"Je continuerai d'être le premier garant de la liberté de mes concitoyens", a promis le président Déby, 68 ans dont 30 passés au pouvoir, lors d'une cérémonie au Palais de la démocratie, siège de l'Assemblée nationale à N'Djamena où l'anniversaire de l'indépendance a à peine été mentionné.

Le parlement tchadien où le parti présidentiel possède une large majorité absolue, avait voté en juin l'élévation du président au titre de maréchal, ce que ce dernier avait lui-même confirmé par un décret.

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"Vous êtes une icône et un symbole pour le Tchad", a affirmé le président de l'Assemblée nationale, Haroun Kabadi.

Le parlement lui a accordé le titre de maréchal après une vaste opération contre le groupe jihadiste Boko Haram en avril qu'il a lui même dirigée.

"C'est le mérite des faits d'arme qui me vaut cette distinction, que je dédie à tous mes frères d'armes", a indiqué le président, ajoutant: "la menace du terrorisme est toujours là et elle est implacable".

"Un titre mérité"

Par cette cérémonie, le Tchad rend la dignité que mérite le chef de guerre Idriss Deby Ino par le biais de ses représentants à l’assemblée nationale a déclaré à VOA Afrique le député de l’opposition Ousman Chérif Khamdjan, vice-président du groupe parlementaire "les démocrates".

"Cette consécration est un titre mérité compte tenu du rôle singulier et historique que le président de la république a joué pour la nation tchadienne en particulier et le continent africain en général a indiqué Ouman Chérif en ajoutant que cet homme qui est à la destinée de notre pays est capable de faire la paix, mais aussi de conduire une guerre salvatrice quand il est nécessaire. Il invite les académies militaires du monde entier se planche et étudient les faits et gestes et les parcours de ce grand militaire et stratège du continent africain".

Docteur Sitack Yombatina Béni rejette cette affirmation. Pour lui, cette distinction viole la loi fondamentale et détruit la fête de l’indépendance. Car précise-t-il le président Déby est dans un mandat civile où il s’est mis en disponibilité donc il n’est plus militaire.

Pour Sitack, "quand on prend la mise en disponibilité on n’a pas de salaire, à un grade, et à un avancement. Hors poursuit le juriste, le président triche avec les textes civiles et militaires et il viole même la Constitution de la République dont il est lui-même garant. Non seulement il se fait célébrer mais il détruit la fête du 11 août qui est une histoire du Tchad qu’on ne peut pas effacer. Dorénavant qu’est ce qu’on veut que la génération célèbre s’interroge-t-il ? L’avènement du tout 1er maréchal au Tchad ou on célèbre la fête de l’indépendance du Tchad?"

Mahamat Zene Bada, secrétaire général du MPS, parti au pouvoir, a un avis contraire. Pour lui, vu son parcours militaire, le général Deby mérite mieux que cet hommage national.

"Je l’affirme avec force que le fait Idriss Déby Itno pour moi c’est même peu, parce qu’il n’y a pas un autre grade que le Maréchalat et l’Assemblée nationale a muri cela avant de le faire. Idriss Deby Itno n’est pas Maréchal pour lui, il est Maréchal du Tchad", a martelé le secrétaire général du MPS.

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Menace sécuritaire

Fin mars, le groupe Boko Haram avait tué près de cent militaires tchadiens dans une base militaire à Bohoma, dans la région du Lac.

La zone du lac Tchad, à la frontière du Nigeria, du Tchad, du Cameroun et du Niger, est devenue le repère de jihadistes qui profitent des abris constitués par les nombreux îlots éparpillés sur cette vaste étendue marécageuse.

Venu lui-même sur le terrain pour organiser la contre-attaque, baptisée "Colère de Bohoma", le président Déby avait affirmé avoir chassé les jihadistes du territoire national, même s'il a reconnu le 8 août que "Boko Haram fera encore beaucoup de dégâts" au Tchad à partir des pays frontaliers.

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"La lutte contre le terrorisme est un imperatif vital et demeurera au centre de nos préoccupations", a souligné le Président Déby lors de la cérémonie.

A l'occasion de l'indépendance, il a par ailleurs signé lundi un décret graciant 538 prisonniers.

Parmi eux, le général Abdelkader Baba Laddé, condamné en décembre 2018 à huit ans de prison ferme pour "détention illégale d'armes", "association de malfaiteurs", "incendie volontaire" ou encore "viol".

Chef rebelle tchadien, Baba Laddé, actif en Centrafrique, avait été arrêté en décembre 2014 par les Casques bleus de la mission de l'ONU dans ce pays, puis extradé vers le Tchad en janvier 2015.

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