Le président malien Ibrahim Boubacar Keïta a annoncé samedi soir une "dissolution de fait" de la Cour constitutionnelle pour tenter de dissiper les tensions quasiment insurrectionnelles qui parcourent la capitale Bamako depuis deux jours.
La Cour constitutionnelle focalise les protestations en cours, avec le président lui-même. Dans une brève allocution télévisée, la deuxième en une semaine, le président Keïta a indiqué qu'il abrogerait les décrets de nomination des juges de la Cour encore à leur poste, ce qui revient selon ses termes à une "dissolution de fait".
Lire aussi : Des milliers de manifestants maliens occupent des édifices gouvernementaux à BamakoLa décision de la Cour constitutionnelle d'invalider une trentaine de résultats des élections législatives de mars-avril passe pour un élément déclencheur de la contestation qui a atteint son apogée vendredi et samedi.
Cette contestation fait craindre une déstabilisation supplémentaire dans un pays déjà en proie au jihadisme, aux violences intercommunautaires et à toute une série de défis majeurs.
Le chef de l’État malien a déploré “le saccage de l’Assemblée nationale”, ainsi que “des pertes en vies humaines” et a offert ses condoléances.
Il a aussi semblé ouvrir la voie à des législatives partielles dans les circonscriptions concernées par les invalidations de la Cour constitutionnelle, comme l'avait recommandé une récente mission de bons offices de la communauté des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) dépêchée pour désamorcer les tensions.
"J'ai décidé d'abroger les décrets de nomination des membres restants de la Cour constitutionnelle et d'aller vers la mise en oeuvre des recommandations issues de la mission de la Cédéao", a-t-il dit.
"Cette dissolution de fait de la Cour va nous conduire dès la semaine prochaine à demander aux autorités compétentes la désignation de membres pour que, rapidement, une cour reconstituée nous aide à trouver les solutions aux contentieux issus des élections législatives", a-t-il déclaré.
Certains des neuf membres de la Cour ont déjà démissionné. Un est mort.
"Soumaïla est sain et sauf et inch Allah il sera bientôt parmi nous", a tenu à rappeler le président IBK, en faisant référence à son adversaire, l'ancien Premier ministre Soumaïla Cissé qui a été kidnappé par des hommes armés non identifiés.
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