Le président namibien estime qu'"on demande aux Africains ce qu'on ne demande pas aux autres"

Le président namibien Hage Geingob aux funérailles de Winnie Madikizela Mandela, assistent à Johannesburg, le 14 avril 2018.

Le président namibien Hage Geingob, dont le pays accueille un sommet régional de l'Afrique australe, a rejeté samedi les critiques sur le manque d'alternance démocratique sur le continent, estimant qu'"on demande aux Africains ce qu'on ne demande pas aux autres".

Il a aussi démenti, dans une interview à la radio française RFI, toute implication dans le rachat controversé de la compagnie minière canadienne Uramin en 2007 par l'ancien fleuron du nucléaire français Areva. Il s'est refusé à tout témoignage éventuel devant une juridiction française alors que la justice française a ouvert une enquête sur l'affaire.

Interrogé sur l'alternance politique en Afrique où des dirigeants s'accrochent au pouvoir, il a estimé qu'on demandait plus aux Africains qu'à d'autres.

"Les gens ont une attitude envers l'Afrique... Ils veulent que les Africains fassent des choses qu'on ne demande pas aux autres", a-t-il dit alors que la Namibie accueille le sommet de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC).

"Aux Etats-Unis, il n'y a que deux partis. Même philosophie. Comment se fait-il qu'il n'y a pas de communistes ou de socialistes là-bas", a-t-il ironisé.

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"Nous, on s'est battu. 27 ans d'exil. Maintenant, ça fait juste trois ans que je suis au pouvoir. Et si la population continue de dire +oui+ Où est le problème?", a-t-il lancé.

Il a évoqué sur le même ton les arrestations aux Comores autour du référendum boycotté par l'opposition.

"On verra comment le président (Azali Assoumani) voit les choses. Et ceux qui parmi nous ont connu des transitions ou des élections pacifiques pourront lui dire: +mon frère, peut-être que tu devrais faire comme ça et pas comme çi+. Pas pour faire plaisir à l'Occident. Mais pour faire plaisir à nos populations".

Le président namibien s'est aussi défendu sur le dossier Areva-Uramin.

"Des gens sont venus d'Afrique du Sud (...) Ils n'arrivaient pas à avoir le permis d'exploitation. (...) Ils ont eu leur permis, ils m'ont payé et je l'ai déclaré. Ça se limite à ça", a-t-il répondu précisant qu'il était alors consultant.

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"Après, Areva a acheté les propriétés d'UraMin sur le marché boursier (...).Donc je n'ai jamais eu aucun rôle. Les gens qui disent: +J'ai aidé areva, j'ai été payé par Areva+. Ça, c'est faux", a-t-il encore ajouté.

"Si les compagnies françaises ont surévalué, en quoi ca me concerne? Allez en France les chercher!", a-t-il réagi.

"Je ne témoignerai jamais devant une juridiction étrangère. J'ai des institutions ici. C'est aussi pour ça que je suis contre la CPI (Cour pénale internationale). Nous devons avoir nos propres institutions. Si j'ai commis un crime, il y a nos cours de justice", a-t-il conclu.

Avec AFP