Le président somalien Mohamed Abdullahi Mohamed a déclaré mercredi qu'il renonçait à prolonger son mandat de deux ans, cédant ainsi à la pression nationale et internationale après que des affrontements dans la capitale Mogadiscio ont divisé les forces de sécurité selon les clans.
Quelques heures plus tôt, le Premier ministre Mohamed Hussein Roble avait dénoncé la proposition de prolongation du mandat et appelé à la préparation d'une nouvelle élection présidentielle.
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Le mandat du président a expiré en février, mais le pays n'a pas organisé d'élections comme prévu. Au début du mois, la chambre basse du Parlement a voté en faveur d'une prolongation de deux ans du mandat de quatre ans de Mohamed. Le Sénat a rejeté cette décision, provoquant une crise politique.
Des commandants de la police et de l'armée sont passés à l'opposition et des factions rivales des forces de sécurité ont fortifié leurs positions dans le centre de Mogadiscio, faisant craindre des affrontements au cœur de la ville et un vide sécuritaire dans les zones environnantes qui pourrait être exploité par les insurgés d'Al Shabaab liés à Al Qaïda.
Dans une déclaration télévisée faite aux premières heures de mercredi, le président a déclaré qu'il saluait les efforts du premier ministre et des autres dirigeants politiques et se félicitait de leurs déclarations appelant à la tenue d'élections sans plus tarder. Il a également appelé à des discussions urgentes avec les signataires d'un accord signé en septembre dernier sur le déroulement des élections.
Le président se résout aux élections
Le président somalien Mohamed Abdullahi Mohamed, mis sous pression par ses alliés, a appelé à la tenue d'élections à l'issue d'une journée de mardi qui avait vu des habitants de Mogadiscio quitter leurs quartiers, craignant de nouveaux affrontements armés.
Le dirigeant s'adressera au parlement samedi afin d'"obtenir son approbation pour le processus électoral" et appelle les acteurs politiques à tenir des "discussions urgentes" sur la manière de conduire le vote, a dit celui qui est surtout connu sous son surnom de "Farmajo", lors d'une allocution diffusée sur les médias d'Etat à 1 heure locale.
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L'opposition, qui avait appelé le président à démissionner, n'a pas répondu immédiatement. Le président n'a pas évoqué l'opposition dans son discours, mais a dénoncé des "individus et des entités étrangères anonymes qui n'ont d'autre but que de déstabiliser le pays".
Les chefs de deux États régionaux, qui étaient de fidèles alliés du président, ont également rejeté mardi la proposition de prolongation de deux ans du mandat de M. Mohamed. Ces dirigeants ont déclaré, immédiatement après le discours du président, qu'ils saluaient son annonce.
La tentative de Mohamed de prolonger son mandat avait également suscité la colère des donateurs étrangers qui soutenaient son gouvernement, espérant qu'il contribuerait à apporter la stabilité et à mettre fin à l'insurrection d'Al Shabaab, liée à Al Qaeda. Mais la proposition de prolongation a monté les factions des forces de sécurité les unes contre les autres.
Cette semaine, les forces d'opposition ont abandonné leurs positions dans la campagne alors qu'elles se dirigeaient vers une confrontation dans la capitale, permettant à Al Shabaab de prendre le contrôle d'au moins une ville.
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Les forces loyales à l'opposition tiennent des parties importantes de la ville et ont affronté les forces gouvernementales au cours du week-end, alimentant les craintes que le pays ne retourne à une guerre totale.
Le président a déclaré qu'il exhortait "toutes les agences de sécurité à maintenir la stabilité de la capitale et la sécurité des civils innocents, en évitant toute action qui pourrait conduire à l'insécurité".
Ces troubles constituent le deuxième épisode de violence à Mogadiscio concernant la proposition de prolongation du mandat de M. Mohamed. Selon l'International Crisis Group, un groupe de réflexion, la poursuite des affrontements pourrait diviser davantage les forces de sécurité somaliennes selon des critères ethniques.
"La Somalie est au bord d'un effondrement majeur une fois de plus", a-t-il déclaré dans une note d'information publiée mardi.
Les forces armées somaliennes naissantes sont issues de milices claniques qui se sont souvent affrontées pour le pouvoir et les ressources.
Mohamed est un Darod, l'un des principaux clans de Somalie. La majorité des militaires somaliens dans la capitale sont des Hawiye, un autre grand clan. La plupart des dirigeants de l'opposition sont Hawiye.