Le président Trump en prime time face au Congrès

Le Président Donald Trump lors de son premier discours sur "l'état de l'Union" au cours d'une session conjointe du Congrès, Washington, le 30 janvier 2018.

Le président américain Donald Trump est de retour mardi devant le Congrès pour une allocution solennelle qui lui offre l'occasion de prendre de la hauteur.

Mais le climat politique délétère à Washington et son projet de mur controversé le placent en position difficile.

Pour ce traditionnel discours en prime time sur "l'état de l'Union", le président américain, en mauvaise posture dans les sondages à mi-mandat, a promis un appel à l'unité, au compromis, et une tonalité résolument optimiste.

A 21 mois de la prochaine élection présidentielle, où il entend briguer un second mandat de quatre ans, il devrait --lors de ce rendez-vous toujours minutieusement mis en scène-- mettre en avant de très bons chiffres économiques et un marché du travail extrêmement dynamique.

Mais une image, chargée en symboles, pourrait résumer la difficulté de sa délicate équation politique: lorsqu'il prendra la parole devant les élus au grand complet, la nouvelle "Speaker" de la Chambre des représentants Nancy Pelosi sera, suivant la tradition, assise derrière lui, dans le champ des caméras.

Or l'élue démocrate de San Francisco, vent debout contre son projet de mur à la frontière avec le Mexique, vient de lui infliger une cuisante défaite politique. Et l'image d'habile négociateur que le magnat de l'immobilier aime mettre en avant a été très sérieusement écornée.

Après des semaines d'une étrange partie de poker menteur, Donald Trump a cédé face à ses adversaires politiques et a mis fin au "shutdown" en signant une loi de financement temporaire de l'Etat fédéral sans avoir obtenu le moindre dollar pour son projet emblématique de lutte contre l'immigration clandestine.

Les yeux sur les téléprompteurs

Comme l'an dernier, où il avait gardé les yeux sur les téléprompteurs et avait adopté un ton plutôt conciliant, Donald Trump devrait se tenir éloigné du ton de ses tweets quotidiens.

"Ensemble, nous pouvons mettre fin à des décennies de blocage politique, guérir les blessures anciennes, construire de nouvelles coalitions, esquisser de nouvelles solutions", devrait-il affirmer selon des extraits diffusés par la Maison Blanche.

Mais, sur le fond, quelle sera la tonalité du reste du texte? Relancera-t-il avec virulence le débat sur l'immigration? Profitera-t-il de l'occasion, comme il l'a laissé entendre, pour déclarer une "urgence nationale", procédure exceptionnelle qui lui permettrait de contourner le Congrès pour financer le mur frontalier?

Le discours est prévu à 21H00 (02H00 GMT mercredi).

Le chapitre consacré à la politique étrangère pourrait lui valoir des applaudissements moins nourris dans son camp tant certaines de ses décisions suscitent un malaise.

Dans un cruel rappel à l'ordre, le Sénat a approuvé lundi soir à une très large majorité un amendement critiquant sa décision de retirer les troupes américaines de Syrie et d'Afghanistan.

Fait remarquable: c'est le chef républicain de la chambre haute Mitch McConnell, qui évite d'ordinaire de critiquer publiquement Donald Trump, qui avait présenté cet amendement.

Le président américain pourrait aussi profiter de ce rendez-vous pour annoncer le lieu et la date de son prochain sommet avec le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un avec lequel il existe, assure-t-il, "une incroyable alchimie".

Au-delà du discours lui-même, ce rendez-vous annuel très prisé du tout-Washington est aussi scruté à la loupe: les applaudissements ou les silences, l'attitude des nouveaux élus.

Or Donald Trump s'exprimera devant un nouveau Congrès qui bat tous les records de diversité dans l'histoire américaine: 127 femmes, plus de 50 élus noirs.

Carlos Vecchio, Joshua Trump

Et les jeunes élus pourraient, d'une manière ou d'une autre, se faire entendre. A l'image d'Alexandria Ocasio-Cortez, benjamine du Congrès au verbe haut.

La Nobel de la paix Nadia Murad, ex-esclave des jihadistes en Irak et membre de la minorité yazidie, fera partie des invités.

Le sénateur républicain Marco Rubio a offert une place dans la vénérable enceinte à l'opposant vénézuélien Carlos Vecchio, nommé nouveau chargé d'affaires du Venezuela aux Etats-Unis par Juan Guaido, autoproclamé président par intérim.

Plus surprenant: le couple présidentiel a choisi parmi sa douzaine d'invités, Joshua Trump, élève en classe de 6e à Wilmington dans le Delaware. Il n'est pas de la famille du milliardaire mais il est moqué à l'école à cause de son nom de famille, a expliqué la Maison Blanche.

C'est une femme noire qui sera chargée de donner au nom des démocrates la réplique au président, juste après son discours.

Figure montante de son parti, Stacey Abrams, 45 ans, ne détient aucun mandat électif. Elle a échoué de peu, en Géorgie en novembre, dans sa quête pour devenir la première gouverneure afro-américaine.