Le Qatar, pays hôte, éliminé du Mondial après deux défaites

Les joueurs qataris après leur défaite 3-1 face au Sénégal, au stade Al Thumama de Doha, au Qatar, vendredi 25 novembre 2022.

"Nous voudrions dire aux supporters et au pays que nous sommes désolés".

"Inexpérience", "approximation et nervosité", "manque de créativité", "erreurs cruciales": si l'élimination du Qatar, actée après seulement deux matches de son Mondial, n'est pas une surprise, la manière a déçu. Elle met son sélectionneur sur la sellette et a contraint ses joueurs à s'excuser.

En s'inclinant 2-0 contre l'Equateur, en ouverture de sa toute première Coupe du monde, puis 3-1 contre le Sénégal vendredi, l'émirat est devenu le premier pays hôte éliminé avant même la fin de la phase de groupes et le deuxième, après l'Afrique du Sud en 2010, à prendre la porte avant les matches à élimination directe.

Pour un pays de moins de trois millions d'habitants -dont moins de 15% de nationaux- et une équipe sans grande expérience du très haut niveau, atteindre l'objectif de se qualifier pour les huitièmes de finale aurait été un immense succès.

Mais, de l'avis général, le match inaugural a été bien en deçà des attentes. "Cauchemardesque" même pour la presse locale.

Contre le Sénégal, Al-Annabi (les Bordeaux) ont livré "une performance respectable mais néanmoins décevante pour les champions d'Asie" en titre, selon le journal anglophone Gulf Times.

"Nos loyaux supporters (...) méritaient la joie de gagner et de continuer la compétition", a renchéri le quotidien arabophone Al-Raya, enjoignant la Fédération à se pencher sur les raisons de cet échec sportif.

Pour les anciennes gloires locales interrogées par le journal Al-Sharq et le rédacteur en chef du quotidien Al-Watan, ces raisons sont toutes trouvées en la personne du sélectionneur Félix Sanchez -arrivé au Qatar en 2006 pour former les jeunes talents et à la tête de l'équipe nationale depuis 2017- et dans la décision d'une préparation à huis clos en Europe depuis juin.

"Pas approprié"

"Même si c'est lui (Sanchez) qui a mené l'équipe à l'exploit historique en Coupe d'Asie (en 2019), cela ne veut pas dire qu'il n'a pas échoué de façon inattendue" au Mondial, tance notamment Fahd Al-Emadi dans les colonnes d'Al-Watan, appelant à la nomination d'un nouveau sélectionneur.

D'après lui, "le plan de préparation de l'équipe nationale n'était pas approprié et retirer les joueurs de leurs clubs n'a pas été un succès".

"Est-ce un échec et une déception? Ca dépend des attentes", a botté en touche Sanchez en conférence de presse vendredi. "Nous aurions voulu aller plus loin mais nous connaissons notre situation et nos limites."

"Nous sommes un petit pays à la population restreinte, avec un championnat pas très compétitif (dans lequel évolue l'ensemble de la sélection qatarie, ndlr), même si nous avons déployé beaucoup de moyens pendant des mois pour être performants", a poursuivi l'Espagnol.

"La Coupe du monde est terminée (ndlr: le Qatar doit encore jouer contre les Pays-Bas mardi) mais le football ne s'arrêtera pas là", a estimé le technicien, sans répondre à une question sur son avenir.

"Ils veulent continuer à développer les jeunes talents et nous pouvons continuer de jouer" sur la scène asiatique, a-t-il ajouté. "C'est comme ça qu'on prendra de l'expérience et qu'on pourra disputer plus de grandes compétitions."

Dans le même temps, en zone mixte, son défenseur Tarek Salman présentait ses excuses et celles de ses coéquipiers.

"Nous voudrions dire aux supporters et au pays que nous sommes désolés. Nous les faisons se sentir mal en perdant deux matches de Coupe du monde d'affilée, a-t-il regretté. Malheureusement,ça n'est vraiment pas bon d'être déjà éliminés..."