Le retour fracassant de l'Egypte à la CAN 2017

Essam Elhadary, le gardien des Pharaons d'Egypte, 25 janvier 2017.

L'Egypte est en finale de la CAN 2017 apres la traversée du désert des "Pharaons" et ses joueurs-clés El-Hadary et Salah.

Après avoir réalisé son incroyable triplé (2006, 2008, 2010), puis connu une chute brutale, la sélection égyptienne a enfin fini par remonter la pente. Mais la longue et paradoxale descente aux enfers - dont rien ne laissait présager la fin - a duré sept ans, le temps pour les Égyptiens de manquer trois Coupes d'Afrique des nations.

Outre la retraite des joueurs de sa génération dorée (Mohamed Aboutrika, Ahmed Hassan, Wael Gomaa, Mohamed Zidan...), la trajectoire des "Pharaons" a coïncidé avec la période d'instabilité politique qui a suivi après la révolution de janvier 2011 et la chute d'Hosni Moubarak, puis la destitution du président islamiste Mohamed Morsi en juillet 2013.

Et sur cette période, ni l'Américain Bob Bradley (2011-2013) ni Shawky Gharib (2013-2014) n'ont réussi à cultiver l'héritage de Hassan Shehata (2005-2011), co-détenteur du record de victoires en CAN sur un banc.

Conséquence directe : les supporters égyptiens, connus pour leur capacité à constituer un 12e homme redoutable, sont devenus davantage préoccupés par la crise et ses secousses économiques. La violence endémique dans les stades est également repartie de plus belle, pénalisant ainsi le football égyptien et ses clubs emblématiques.

Malgré tout "l'Égypte se débrouille toujours bien dans les tournois", avait prévenu à l'AFP Ahmed Hassan, juste avant la compétition. Et qui mieux que le joueur le plus capé de l'histoire de la sélection pour évoquer la culture "de la gagne" qui imprègne l'équipe ?

"Si je dois comparer en terme de mentalité, les Égyptiens me font penser aux Italiens. C'est-à-dire à la fois un ego très fort lié à une histoire, et la capacité à se mettre dans le dur, à jouer pour le collectif, si c'est pour la gagne", explique à l'AFP Patrice Carteron, ancien entraîneur du club égyptien Wadi Degla.

"Ce qui n'est pas toujours le cas dans d'autres sélections par exemple d'Afrique noire, où l'on a plus la culture du beau jeu ou de l'individualité. Les Égyptiens ont cette faculté qui est historique", ajoute l'ancien sélectionneur du Mali.

Pourtant, avec 19 joueurs qui disputent leur première CAN au Gabon sur les 23 sélectionnés par Hector Cuper, la plupart des observateurs ont pensé que ce manque d'expérience dans la compétition risquerait à un moment de leur porter préjudice.

C'est oublier que l'Égypte possède le plus prestigieux palmarès du foot africain. A la fois en sélection avec 7 Coupes d'Afrique des nations, loin devant le Cameroun (4), son prochain adversaire en finale dimanche, mais aussi en club avec Al Ahly et Zamalek (respectivement huit et cinq Ligues des champions d'Afrique).

L'Egypte est également la seule nation en lice à avoir l'intégralité de ses 23 joueurs formés au pays. Ce qui est plus aisé pour transmettre une telle culture de jeu.

Les "Pharaons" peuvent s'appuyer sur des atouts majeurs dans les deux zones de vérité: le légendaire gardien Essam El-Hadary (44 ans, vainqueur de quatre CAN) et la star offensive de l'AS Rome Mohamed Salah (24 ans), classé dans le Top 5 du Ballon d'Or africain 2016.

Le premier, toujours décisif malgré son statut de joueur le plus âgé de l'histoire de la compétition, a gardé sa cage inviolée lors des quatre premiers matches de la compétition, lui qui a remplacé au pied levé le titulaire Ahmed El-Shenawi, blessé au cours de la première rencontre.

Et si le Burkina Faso a réussi à le battre pour la première fois en demi-finale, El Hadary a répondu par deux arrêts décisifs lors de la séance de tirs aux buts victorieuse.

De son côté, Salah a joué son rôle de dynamiteur des défenses adverses à merveille en inscrivant deux buts aussi beaux qu'importants: le premier sur coup franc contre le Ghana (1-0), une réalisation qui a permis à son équipe de finir en tête de sa poule, et le second décisif pour la qualification en finale contre le Burkina Faso. Suffisant pour décrocher un 8e sacre ?

Avec AFP