Les commémorations officielles ont débuté ce dimanche 7 avril – jour anniversaire des premières tueries de ce qui deviendra le dernier génocide du XXe siècle, faisant 800.000 morts, majoritairement dans la minorité tutsi, mais aussi des Hutu modérés.
La communauté internationale avait été vivement critiquée pour son inaction avant et durant le génocide.
"C'est la communauté internationale qui nous a tous laissé tomber, que ce soit par mépris ou par lâcheté", a déclaré Paul Kagame lors d'un discours prononcé devant plusieurs milliers de personnes à la BK Arena, une salle polyvalente ultra-moderne de la capitale Kigali.
"Personne, personne, pas même l'Union africaine (UA), ne saurait se disculper de son inaction face à la chronique d'un génocide annoncé. Ayons le courage de le reconnaître, et de l'assumer", a également affirmé le président de la Commission de l'UA, Moussa Faki Mahamat.
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Paul Kagame -- qui dirige d'une main de fer le pays depuis la fin du génocide -- s'est recueilli dans la matinée, aux côtés de dignitaires étrangers, devant une gerbe de fleurs et a allumé une flamme du souvenir au Mémorial de Gisozi.
À la fin de la journée, des milliers de personnes étaient rassemblées à la BK Arena, complexe de 10.000 places à Kigali, des bougies à la main à la mémoire des victimes du massacre.
L'ancien président américain Bill Clinton, en poste à la Maison Blanche durant les massacres, le ministre français des Affaires étrangères Stéphane Séjourné et le secrétaire d'Etat français à la Mer Hervé Berville, né au Rwanda, ont assisté à la cérémonie.
"Responsabilités"
A l'occasion de cet anniversaire, le président français Emmanuel Macron a affirmé dans une vidéo diffusée dimanche que "la France assume tout et exactement cela dans les termes que j'ai employés" le 27 mai 2021.
Le président français, en déplacement à Kigali, avait alors dit être venu "reconnaître" les "responsabilités" de la France.
Paris, qui entretenait des relations étroites avec le régime hutu quand le génocide a commencé, a longtemps été accusé de "complicité" par Kigali.
"Nous avons, tous, abandonné des centaines de milliers de victimes à cet infernal huis clos", avait-il ajouté, précisant que Paris n'avait "pas été complice" des génocidaires hutu. M. Macron n'avait pas présenté d'excuses, tout en disant espérer le pardon des rescapés.
"Je n'ai aucun mot à ajouter, aucun mot à retrancher de ce que je vous ai dit ce jour-là", a déclaré dimanche le président français.
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Jeudi, l'Elysée avait rapporté que, selon Emmanuel Macron, la France "aurait pu arrêter le génocide" de 1994 au Rwanda "avec ses alliés occidentaux et africains", mais "n'en a pas eu la volonté". Des mots interprétés alors comme un pas supplémentaire dans la reconnaissance des responsabilités de la France dans le génocide, mais que le chef de l'Etat n'a pas prononcés dimanche.
Après des décennies de tensions, allant jusqu'à une rupture des relations diplomatiques entre Paris et Kigali entre 2006 et 2009, un rapprochement a été permis entre les deux pays à l'issue de la mise en place d'une commission par Emmanuel Macron qui a conclu en 2021 à des "responsabilités lourdes et accablantes" de la France.
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La mairie de Paris a annoncé que dimanche soir la tour Eiffel afficherait en lettres capitales: "Kwibuka 30", "se souvenir" en kinyarwanda et nom officiel des commémorations du génocide au Rwanda.
Le président américain Joe Biden a lui déclaré que les répercutions des massacres se "font encore sentir à travers le Rwanda et à travers le monde". "Nous n'oublierons jamais les horreurs de ces 100 journées", a-t-il ajouté.
Carnages
Au Rwanda, pendant sept jours, la musique ne sera pas autorisée dans les lieux publics, ni à la radio. Evénements sportifs et films seront interdits de diffusion à la télévision, sauf s'ils sont liés aux commémorations.
Les tueries du printemps 1994 ont été déclenchées au lendemain de l'attentat contre l'avion du président hutu Juvénal Habyarimana, dans une frénésie de haine alimentée par une virulente propagande anti-Tutsi.
Le carnage prend fin lorsque la rébellion tutsi du FPR s'empare de Kigali le 4 juillet, déclenchant un exode de centaines de milliers de Hutu vers le Zaïre voisin (aujourd'hui République démocratique du Congo).
Trente ans plus tard, des charniers continuent d'être mis au jour.
Le Rwanda mène un travail de réconciliation, avec notamment la création en 2002 de tribunaux communautaires, les "gacaca" où les victimes pouvaient entendre les "aveux" des bourreaux.
La justice a joué un rôle majeur mais selon Kigali, des centaines de personnes soupçonnées d'avoir participé au génocide sont toujours en liberté, notamment dans les pays voisins, comme la République démocratique du Congo (RDC) et l'Ouganda.
Des organisations de défense des droits humains, dont Amnesty et Human Rights Watch, ont appelé à l'accélération des poursuites contre les responsables du génocide.
Le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Volker Türk, a de son côté exhorté "les Etats du monde entier à redoubler d'efforts pour traduire en justice tous les auteurs présumés encore en vie".
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