Le "Secret défense", partagé par 400.000 personnes en France

Le président Francois Hollande le ministre de la défense Jean-Yves Le Drian, et le ministre des affaires étrangères Laurent Fabius

Ce secret défense peut concerner des opérations militaires, la lutte contre le terrorisme, les réseaux criminels ou encore des plans et études liées à des programmes stratégiques.

Au 1er janvier 2015, 288.334 documents étaient classifiés "Secret Défense", 50% relevant du ministère de l'Energie - en raison du nucléaire, des installations sensibles et des transports - 44% de la Défense et 4% de l'Intérieur.

"Le secret de la défense nationale sert majoritairement et prosaïquement à la protection d'installations sensibles : centrales nucléaires, usines chimiques, réseaux de communication. On est loin des fantasmes de cabinet noir", relève le Secrétaire général de la défense et de la sécurité nationale, Louis Gautier.

A cette même date, 413.235 personnes étaient habilitées à consulter des informations classifiées, soit une personne sur 160 en France (ou 0,6% des Français) contre un ratio de un sur 71 aux Etats-Unis.

Ces habilitations sont accordées pour plus des deux tiers à des personnels de défense (70%) - militaires, fonctionnaires ou industriels - et loin derrière aux sphères de compétence du ministère de l'Ecologie et l'Energie (12,8%) et de l'Intérieur (11,6%).

"Tous les supports classifiés, y compris au stade préparatoire, doivent être gardés dans une armoire-forte, elle-même située dans une zone sécurisée", poursuit le SGDSN (Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale), auteur du rapport.

De plus en plus d'informations sont en outre numérisées, ce qui nécessite une protection spécifique - relevant de l'Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information (ANSSI) - en raison des risques croissants de cyberespionnage et cyberattaques.

Le délai maximal pendant lequel un document peut rester classé secret défense en France est de 50 ans, voire 100 ans si la sécurité de personnes est en jeu. Certains documents restent toutefois inaccessibles, notamment ceux relatifs à la fabrication d'armes nucléaires, biologiques ou chimiques.

De plus en plus souvent, le SGDSN donne un avis favorable à la communication avant le délai légal, notamment aux historiens et chercheurs, si le document n'est plus sensible. EN 2014, il a ainsi déclassifié le contenu de 109 cartons d'archives et 25 documents isolés.

Le gouvernement travaille aussi sur l'ouverture, dès 2016, de fonds d'archives relatifs à l'engagement de la France au Rwanda entre 1990 et 1994, année du génocide.