Le sport comme levier de soft power : le nouvel agenda de l'Arabie saoudite

Après 14 ans de loyauté envers le Real Madrid, Karim Benzema s'est engagé avec l'équipe saoudienne d'Al-Ittihad.

L'Arabie Saoudite, une nation du golfe Arabique, investit massivement pour attirer des icônes du football sur son territoire. Son intention sous-jacente est d'utiliser le sport comme moyen d'exercer une influence internationale.

Le dimanche 4 juin 2023 a été marqué par l'annonce officielle du départ de l'attaquant vedette Karim Benzema du Real Madrid. Après 14 ans de loyauté au prestigieux club espagnol, le joueur français d'origine algérienne s'est engagé deux jours plus tard avec l'équipe saoudienne d'Al-Ittihad pour au moins deux saisons.

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Ce transfert est l'un des plus notables de l'histoire du marché. Malgré ses 35 ans, Benzema, récipiendaire du Ballon d'or il y a six mois à peine, reste un attaquant de premier plan capable de se distinguer dans plusieurs grands championnats européens.

Le Real Madrid avait en effet l'intention de renouveler son contrat. Cependant, les arguments persuasifs de ses nouveaux employeurs ont pris le dessus. Al-Ittihad a offert à l'ex-international français un salaire annuel d'environ 200 millions d'euros, un niveau de rémunération qu'aucun club européen ne pouvait égaler.

Un essaim de stars

Les clubs saoudiens, quant à eux, n'ont aucun problème à débourser des sommes aussi astronomiques. Soutenus financièrement par l'État, ils participent à une course effrénée pour recruter les plus grandes stars du football mondial.

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Ils ciblent principalement des joueurs dans la trentaine ayant une solide expérience au plus haut niveau et un palmarès qui enflamme les foules dans les stades. C'est dans ce contexte qu'Al-Nassr a signé le quintuple Ballon d'or Cristiano Ronaldo en janvier dernier pour un salaire annuel de 200 millions d'euros.

Des noms tels que N'Golo Kanté, champion du monde français, Riyad Mahrez, ancien Ballon d'or africain, et Luka Modric, vice-champion du monde croate en 2018, sont évoqués pour un transfert vers l'Arabie Saoudite. Lionel Messi, sextuple Ballon d'or, aurait pu suivre la même voie que Benzema s'il n'avait pas refusé une offre salariale de 400 millions d'euros par an d'Al Hilal pour finalement opter pour l'Inter Miami aux États-Unis.

Un outil de soft power

Officiellement, le régime saoudien, soutenu par une immense réserve pétrolière, vise à "créer des opportunités d'investissement, améliorer la santé publique et développer des infrastructures sportives" à travers cette stratégie agressive dans le football mondial.

Cependant, l'ambition du prince héritier Mohammed ben Salman dépasse largement cet objectif énoncé dans le plan "Vision 2030" du pays. Il s'agit pour la monarchie du Golfe, souvent critiquée pour son conservatisme et son bilan en matière de droits de l'homme, de s'ouvrir davantage à l'échelle internationale.

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C'est la raison pour laquelle ses investissements englobent également la boxe, les courses automobiles et le golf. Cette stratégie rappelle celle mise en place par la Chine dans le football en 2016, mais qui a finalement échoué, en partie à cause de la crise du Covid.