Début février, le groupe armé Union des forces de la résistance (UFR) emmené par Timan Erdimi, neveu du président tchadien Idriss Déby Itno, était entré sur le territoire depuis la Libye.
A la demande de N'Djamena, la France avait procédé à trois reprises à des frappes de Mirage 2000 contre la colonne qui voulait renverser le président tchadien.
Plus de 260 personnes avaient ensuite été interpellées par les autorités tchadiennes et transférées à Koro Toro, une prison de haute-sécurité située dans le désert.
Lire aussi : Violences intercommunautaires meurtrièresLeur procès devant la Cour criminelle spéciale, ouvert il y a une semaine, a mené à la condamnation à des peines d’emprisonnement de 10 à 20 ans pour 243 d’entre eux accusés de "terrorisme" et "complicité de terrorisme", a indiqué à l’AFP le ministre de la justice du Tchad, Djimet Arabi. Parmi les accusés, 24 mineurs ont été relaxés, a-t-il ajouté.
Le Tchad a aussi condamné "à la perpétuité par contumace une dizaine de responsables se trouvant en dehors du Tchad", dont leur chef Timan Erdimi, a précisé le ministre. Ils ont été reconnus coupable de "terrorisme" et "enrôlement d'enfants".
Cette décision "montre que le Tchad est un état de droit (...) ils ont bénéficié d'un procès équitable, avec quatre avocats commis d'office qui sont partis les défendre", a déclaré mardi le ministre, joint au téléphone depuis Libreville.
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"Prisonniers de la France"
L'UFR a indiqué à l'AFP ne pas reconnaître ces condamnations : "il n'y a pas de droit dans ce pays", a affirmé son porte-parole Youssouf Hamid, qui dit "n'avoir jamais été contacté par des avocats". De même, le groupe armé ne reconnait pas le nombre "de 267 personnes interpellées" après l'intervention et parle "d'une centaine d'éléments".
Ils "devraient être prisonniers de la France, des prisonniers de guerre entre les mains des Français", a ajouté M. Hamid, dont le groupe armé avait dénoncé l'intervention française pour stopper leur avancée.
A l'époque, l'intervention avait été très critiquée par les partis d'opposition tchadiens et français, une "ingérence" de Paris selon eux dans les affaires internes tchadiennes.
Le ministre des Affaires étrangères français, Jean-Yves Le Drian, avait justifié l'intervention mi-février devant l'Assemblée nationale, arguant d'une menace de "coup d'Etat" et assurant qu'elle était "conforme au droit international". Il avait fait le parallèle avec l'intervention française Serval au Mali en 2013 quand une colonne de groupes jihadistes du Nord se dirigeant vers la capitale, Bamako, avait été bloquée.
L'UFR est un groupe armé né en 2009 dont la majorité des membres et des chefs sont à l'origine d'une tentative de putsch en 2008.
La voie des armes
A l'époque, venue de l'Est, la rébellion avait été stoppée in extremis aux portes du palais présidentiel de N'Djamena grâce à l'appui de l'allié français. Après cet épisode, M. Erdimi avait été condamné à mort par contumace par la justice tchadienne.
L'Est et le Nord-est tchadiens, régions désertiques frontalières du Darfour soudanais, ont été par le passé théâtres de nombreux affrontements entre rebelles tchadiens et forces loyales à N'Djamena.
Au Tchad, toutes les transitions politiques se sont faites par la voie des armes depuis l'indépendance, en 1960.
Depuis son arrivée au pouvoir en 1990 avec l'aide de Paris, Idriss Déby, qui avait renversé Hissène Habré, a toujours pu compter sur son allié français. Paris a installé en 2014, à N'Djamena, le QG de sa force antiterroriste Barkhane, destinée à contrecarrer l'expansion militaire des groupes jihadistes dans la zone sahélienne.