Le trafic commercial paralysé depuis cinq jours entre la Libye et la Tunisie

Ras Jedir, entre la frontière de la Libye et la Tunisie.

Le trafic commercial au principal poste-frontière entre la Tunisie et la Libye est paralysé depuis cinq jours, à l'initiative de la partie libyenne.

Le poste de Ras Jedir constitue le principal point de passage entre l'ouest de la Libye et le sud-est de la Tunisie, un territoire qui vit en grande partie du commerce transfrontalier, y compris de contrebande.

Depuis vendredi, le trafic commercial est toutefois complètement paralysé à l'initiative des autorités libyennes, qui empêchent tout passage de marchandise. "Des négociations sont en cours entre des représentants des sociétés civiles et entre responsables des deux pays", a expliqué à un correspondant de l'AFP le gouverneur de Médenine, Tahar Matmati.

"Nous essayons de surmonter les difficultés pour que le trafic reprenne son cours normal dans les plus brefs délais", a-t-il ajouté.

Selon un fonctionnaire de l'Office des travailleurs tunisiens à l'étranger en poste à Ras Jedir, seuls les civils souhaitant rentrer dans leur pays ainsi que les ambulances sont autorisés à passer. "Les voyageurs libyens peuvent rentrer chez eux. Même chose pour les Tunisiens", a résumé ce responsable sous couvert d'anonymat.

D'après des témoins, le flux est néanmoins ralenti, chaque véhicule faisant l'objet de fouilles minutieuses.

Interrogé par l'AFP depuis Tripoli, Hafedh Mouammar, un responsable du conseil local libyen de Zouara, a affirmé que cette décision visait entre autres à protester contre "la contrebande de marchandises subventionnées", comme l'essence, en territoire tunisien.

Sur sa page officielle sur Facebook, M. Mouammar a ajouté que la partie libyenne réclamait aussi des garanties sur "le bon traitement" des voyageurs libyens, dénonçant un "harcèlement" à leur encontre.

La Tunisie et la Libye partagent quelque 500 km de frontière, majoritairement désertique. Ces derniers mois, les autorités tunisiennes ont fermé à deux reprises --pour 15 jours à chaque fois-- les points de passage de Ras Jedir et Dehiba, en réaction à des attaques jihadistes perpétrées dans leur pays. Elles ont également construit sur près de 200 km un "système d'obstacles" constitué de tranchées et de monticules de sable, dans l'optique de renforcer la sécurité.

Des milliers de ressortissants tunisiens ont rejoint des organisations jihadistes en Syrie, en Irak mais aussi en Libye, où le chaos a permis au groupe Etat islamique (EI) de s'enraciner.

Tunis et les autorités locales de Zouara appuient actuellement le gouvernement d'union national libyen dans sa tentative d'asseoir son autorité, avec l'espoir d'une amélioration significative de la sécurité.

Avec AFP