Le gouvernement du Zimbabwe a signé mercredi un accord par lequel il s’engage à verser 3,5 milliards de dollars pour indemniser les agriculteurs blancs qui avaient été expulsés de leurs terres il y a environ deux décennies, selon la chaîne américaine Bloomberg.
Le vice-président Constantino Chiwenga a assisté à la cérémonie, rapporte la même source.
Le gouvernement zimbabwéen n’a pas précisé d’où proviendraient ces fonds. Selon une étude publiée en mars par le Fonds monétaire international (FMI), le Zimbabwe est en "situation de surendettement" et le pays n'a pas assez de liquidité pour venir en aide à ses citoyens frappés par un marasme économique aggravé par le coronavirus et les bouleversements climatiques.
L'inflation, qui est une façon de mesurer la flambée des prix, est à hauteur de 700%, selon Bloomberg.
Même le quotidien gouvernemental, The Herald, publie de nombreux articles sur les pénuries d'argent en espèces, de carburant et de nourriture qui frappent le pays.
Lancaster House, Mugabe et Mnangagwa
La question foncière au Zimbabwe remonte aux derniers jours de la guerre dite de libération, avec la signature de l'accord de Lancaster House, par lequel la Grande-Bretagne, ancienne puissance coloniale, reconnaissait enfin l'indépendance du territoire autrefois connu sous le nom de Rhodésie. Dans le cadre de cet accord, les terres qui avaient été saisies par une minorité blanche durant la colonisation seraient rendues aux populations noires au fil du temps.
Au début, les pays occidentaux, notamment le Royaume-Uni, s’étaient engagés à payer pour la restitution des terres. Mais lorsque l'accord a expiré dans les années 1990, et avec lui les paiements des pays occidentaux, la pression s'est accrue sur le gouvernement dirigé par l’ancien président Robert Mugabe car la grande majorité des Noirs restaient sans terre.
En 2000 débute la confiscation des terres détenues par les agriculteurs blancs. Au moins 3500 terrains sont repris de force. Pour l’administration de Mugabe, il s’agissait de rectifier une injustice, vu que ces terres avaient été prises de force durant l’époque coloniale.
La production agricole (tabac et denrées alimentaires) chute et l'économie du Zimbabwe s’effondre, surtout que le pays est frappé de sanctions par les États-Unis et le Royaume-Uni.
En 2018, l'actuel président, Emmerson Mnangagwa, s’engage à compenser les fermiers blancs pour les terres saisies pendant l'administration de son prédécesseur. Au départ il annonce une enveloppe de 53 millions de dollars, ce que les fermiers rejettent arguant que c’est trop peu.
L’annonce de mercredi, chiffrée à 3,5 milliards de dollars, a été célébrée par la Zimbabwe Commercial Farmers Union, association qui regroupe les blancs dépossédés, selon Bloomberg.
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