Plus de 23 millions d'Algériens sont appelés à choisir samedi leurs élus communaux et départementaux en Algérie, un scrutin crucial aux yeux du pouvoir pour tourner la page de la fin de règne mouvementée du défunt ex-président Abdelaziz Bouteflika.
Les bureaux de vote ont ouvert à 08H00 (07H00 GMT), a constaté un journaliste de l'AFP au collège Pasteur à Alger. Ils fermeront à 19H00 (18H00 GMT) et les résultats officiels devraient être annoncés dimanche.
Les trois semaines de campagne électorale ont été marquées par la morosité. Dans la capitale, à l'exception de quelques affiches et rassemblements dans des salles fermées, les candidats ont été peu actifs.
Selon l'Autorité nationale indépendante des élections (ANIE), 15.230 candidats sont en lice dans les 1.541 communes.
Ils seront également 18.910 postulants à se disputer les sièges départementaux dans 58 préfectures. Les femmes ne représentent que 15% de l'ensemble des candidatures, selon l'ANIE.
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"Veux-tu le changement?", "l'édification institutionnelle", "signe et appose ton empreinte": c'est le slogan officiel de ce double scrutin.
Un slogan critiqué par le politologue et ancien professeur de sciences politiques, Mohamed Hennad, qui aurait préféré des thématiques basées "sur les valeurs de la citoyenneté".
Pour le politologue, le pouvoir s'entête "à imposer sa volonté en dépit des résultats déshonorants enregistrés lors des précédents scrutins".
Il s'agit de la troisième élection organisée sous la présidence d'Abdelmadjid Tebboune, qui s'est engagé à réformer toutes les institutions héritées des 20 ans de règne de M. Bouteflika, contraint à la démission en avril 2019 sous la pression des manifestations du mouvement pro-démocratie Hirak et de l'armée.
Très affaibli à partir de 2013 par un AVC, il est décédé le 17 septembre 2021.
Le 5 juillet, jour de la fête d'indépendance de l'Algérie, le président Tebboune, élu en décembre 2019 avec 58% des suffrages et un taux de participation d'à peine 40%, avait assuré inscrire son action dans le sillage d'un "Hirak béni authentique".
Dans une première étape, M. Tebboune a fait adopter des amendements constitutionnels lors d'un référendum le 1er novembre 2020, approuvé par seulement 23,7% électeurs.
Deuxième étape: les législatives anticipées du 12 juin dernier, également marquées par une abstention historique avec 23% de taux de participation.
"Participer avec force"
La troisième étape du processus, les élections locales, devrait drainer davantage d'électeurs aux urnes.
"Je souhaite que les citoyens participent avec force à ces élections", a déclaré le président Tebboune lors d'une interview avec des médias algériens diffusée vendredi soir par la télévision officielle.
"Si le peuple veut le changement, il est grand temps qu'il l'opère lui-même à l'occasion de cette échéance", a-t-il dit vendredi.
"Ces élections se distinguent des législatives par la relation directe (des élus) avec le citoyen et ses préoccupations", a analysé pour l'AFP Nabila Benyahia, enseignante en sciences politiques, estimant qu'elles permettront de mesurer le niveau de confiance entre le citoyen et le pouvoir.
Toutefois, si "le pouvoir affirme vouloir un changement en réponse au Hirak, il n'a retenu que le mot 'changer' ", a commenté le politologue Hennad, estimant qu'il avait "imposé son agenda dans une atmosphère de monologue politique n'impliquant les forces politiques que formellement".
La participation attendue en Kabylie, région qui avait boycotté les précédents scrutins, devrait faire monter la participation.
Le Front des forces socialistes (FFS, plus vieux parti d'opposition), présente des candidats dans cette région qui est l'un de ses principaux fiefs.
Des indépendants parmi lesquels d'anciens dirigeants du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) participent aussi au scrutin alors que le parti boycotte officiellement les municipales comme lors des précédents scrutins.
La participation n'est pas l'enjeu majeur de ce scrutin, nuance Redouane Boudjemaa, enseignant à la Faculté des Sciences de l'information et de la Communication d'Alger.
Ce sont plutôt les "grands défis économiques et sociaux de l'année prochaine", dit-il à l'AFP. "L'effondrement du pouvoir d'achat engendrera la recrudescence des protestations syndicales", estime M. Boudjemaa.