Les arrivées de migrants en chute libre après la fermeture de la route des Balkans

Des réfugiés syriens arrivent au camp pour les réfugiés et les migrants à Friedland en Allemagne le 4 Avril 2016.

L'Allemagne a enregistré en mars une baisse de deux tiers des arrivées de nouveaux demandeurs d'asile par rapport à février, une conséquence de la fermeture de la route des Balkans.

"En décembre, on avait 120.000 personnes, en janvier 90.000, en février 60.0000 et maintenant en mars 20.000", a annoncé le ministre Thomas de Maizière, citant le nombre mensuel d'enregistrements dans le système EASY qui comptabilise les migrants comptant déposer une demande d'asile.

Au dernier trimestre 2015, "plus de 500.000 demandeurs d'asile avaient été recensés. Au premier trimestre (2016), il y en avait à peine 170.000. Cela correspond à un recul de 66%", a encore souligné le ministre, alors que l'Allemagne a accueilli en 2015 1,1 million de demandeurs d'asile, après que la chancelière Angela Merkel eut ouvert les portes du pays aux réfugiés.

"Nos mesures fonctionnent", s'est félicité le ministre, évoquant un "développement positif" mais refusant à donner des prévisions pour l'année en cours, car si la fermeture début mars de la route des Balkans a tari le flux des migrants, d'autres routes peuvent émerger.

"On ne peut absolument pas contester que le reflux des arrivées est dû à la fermeture de la route des Balkans", a concédé le ministre, insistant aussi sur les vertus de l'accord, controversé, signé le 18 mars entre l'UE et la Turquie et dont Berlin fut le grand artisan : "il y a maintenant une solution européenne".

L'application de cet accord "a bien commencé", a-t-il ajouté, pourtant jugé "plutôt mauvais" par 56% des Allemands selon un sondage pour la chaine publique ARD. Ce plan prévoit le retour en Turquie de tous les migrants entrés illégalement en Grèce depuis le 20 mars.

Il stipule également que pour chaque Syrien renvoyé de Grèce, un autre sera admis dans l'UE, dans le cadre d'un plan limité à 72.000 places.

L'Allemagne doit accueillir dans un premier temps 1.600 réfugiés dans le cadre d'un premier contingent de 22.504 personnes à réinstaller dans toute l'UE. Lundi, les trente-deux premiers Syriens sont arrivés en territoire allemand en provenance d'Istanbul.

"Le temps du +laisser-passer+ est fini", a martelé M. de Maizière, estimant qu'"aucun pays (de l'UE) ne sera laissé seul", en référence à la Grèce où des dizaines de milliers de migrants sont restés coincés après la fermeture de la principale voie migratoire menant de Turquie au Nord de l'Europe.

Si de nombreux centres de premier accueil allemands sont désormais vides, le ministre a indiqué qu'ils ne seraient pas démantelés pour pouvoir "les réactiver en cas d'urgence".

Cette fonte des arrivées de demandeurs d'asile tombe à pic pour Angela Merkel, dont la politique d'accueil a été largement contestée jusque dans son propre camp conservateur.

Surfant sur les peurs liées à l'afflux migratoire, les populistes de l'Alternative für Deutschland (AfD) ont effectué une percée historique lors d'élections locales récentes. Vendredi, un sondage pour ARD les crédite de 14% en cas d'élections parlementaires (+3%).

Avec AFP