Les avocats commis d'office de l'ex-première dame de Côte d'Ivoire jugée à Abidjan pour crimes contre l'humanité, n'assisteront pas à la phase finale du procès prévue à partir de lundi, ont-ils annoncé, réclamant une nouvelle fois une reprise totale du procès.
Les trois avocats ont longuement exposé leurs griefs, dénonçant notamment l'absence de documents dans le dossier d'accusation et le remplacement d'un assesseur par un autre en cours de procédure.
Pour Me Patrick Georges Vieira, "la justice a le devoir de retrouver les 10.000 pièces manquantes" au dossier d'accusation. Il s'agit d'une "situation ubuesque, qui est une atteinte aux droits de la défense. Le caractère équitable (du procès) est indiscutablement remis en cause", a-t-il martelé.
"La Cour s'est présentée dans une composition inédite le 10 janvier 2017 (un magistrat a été muté et remplacé par un autre, ndlr) (...) 7 mois après le début du procès", a ajouté Me Amany Koumé, pour qui la "seule alternative" est une reprise du procès depuis le début.
"Il s'agit d'élémentaires exigences légales (...) La Cour a décidé de passer outre. Nous sommes devant une grave et intolérable dérive totalitaire (...) et une négation des droits de la défense", a jugé de son côté Me Claude Mentenon.
Entrecoupé de nombreuses suspensions depuis son ouverture le 31 mai 2016, le procès est quasiment à l'arrêt depuis le retrait fin novembre des avocats de Mme Gbagbo, allant de report en report après des discussions de procédure.
Lundi, les parties civiles devraient plaider, avant que le procureur ne prononce son réquisitoire. Mme Gbagbo, qui risque une peine de prison à vie et dont la dernière apparition au tribunal remonte à fin novembre 2016, ne devrait pas être présente.
Elle est jugée pour son implication présumée dans des tirs d'obus sur le marché d'Abobo, un quartier d'Abidjan favorable à Alassane Ouattara - rival de son mari Laurent Gbagbo à la présidentielle de novembre 2010 - et pour sa participation à une cellule qui organisait des attaques menées par des milices et des militaires proches du régime.
Ces crimes ont été commis lors de la crise qui a fait plus de 3.000 morts en cinq mois dans le pays, après le refus de M. Gbagbo de reconnaître la victoire électorale de M. Ouattara.
Simone Gbagbo purge déjà une peine de 20 ans de prison pour "atteinte à la sûreté de l'Etat", prononcée en 2015.
Avec AFP