Les bracelets électroniques entrent en jeu dans le système judiciaire sénégalais

Les juges sénégalais peuvent désormais placer certains condamnés ou inculpés sous bracelet électronique plutôt qu'en prison

Les juges sénégalais peuvent désormais placer certains condamnés ou inculpés sous bracelet électronique plutôt qu'en prison, le gouvernement ayant inauguré mardi à Dakar le centre chargé de les surveiller.

Ce dispositif judiciaire annoncé de longue date entrera pleinement en vigueur "dès qu'on aura une décision de justice dans ce sens", a dit à l'AFP sous le couvert de l'anonymat un responsable du centre de surveillance électronique.

Le gouvernement présente le centre, ouvert dans le coeur de la capitale, comme le premier en Afrique de l'Ouest. Il est capable de suivre la trace d'un individu sous bracelet électronique partout dans le monde à un mètre près, dit-il.

Le ministre de la Justice Ismaïla Madior Fall a invité les magistrats à "s'approprier ce nouveau dispositif", le bracelet électronique, lors de l'inauguration. Ils ne devraient opter pour la privation de liberté "que lorsqu'elle s'avère strictement nécessaire", a-t-il dit.

Les personnes condamnées pour viol, pédophilie et trafic de drogue sont exclues du champ d'application. Le Sénégal évoque depuis 2018 l'introduction du bracelet électronique comme alternative à la prison. Elle a été approuvée en juillet 2020 par les députés.

Le recours à cette technologie a suscité des réticences parmi les professionnels de la justice ou les défenseurs des droits. Les réserves portent sur la capacité du système judiciaire de ce pays pauvre à appliquer la mesure, sur l'accès inégal aux moyens de communication permettant de la mettre en oeuvre ou sur l'équité entre justiciables qui en bénéficieraient ou pas.

Les objections visent aussi l'éventuelle inadéquation aux mentalités sénégalaises. Des défenseurs des droits disent en outre que le bracelet ne doit pas devenir la solution au problème de fond d'un recours disproportionné au mandat de dépôt.

Les défenseurs des droits humains dénoncent régulièrement les conditions de détention et la surpopulation dans les prisons sénégalaises, le recours quasiment systématique au placement sous mandat de dépôt et la durée des détentions provisoires.