Le Bénin était à l’honneur mercredi au musée du Quai Branly-Jacques Chirac à Paris qui a accueilli une cérémonie symbolique pour la restitution de 6 trésors royaux pillés au palais d’Abomey. Ce sera la première fois et certainement la dernière fois que ces œuvres seront exposées ensemble en France.
Jean-Michel Abimbola et Aurélien Agbénonci sont respectivement ministre de la Culture et des Affaires étrangères. Ils reviennent sur le symbolisme de cette exposition, qui selon leurs dires, “permet au public de comprendre et de mesurer la portée du processus de restitution”.
“Sur le plan symbolique, je veux dire que les œuvres d’art qui sont issues du palais royal d’Abomey représentent un patrimoine d’exception, irremplaçable pour notre pays et pour notre peuple”.
Après la cérémonie de signature de l’acte de restitution, le président Patrice Talon devrait à son tour se rendre à Paris pour une rencontre avec Emmanuel Macron début novembre à la veille du retour de 26 pièces du palais royal d’Abomey jusque-là détenues par la France.
Statues, objets sacrés, trônes en bois sculpté, portes magiques, récipients et couvercles en calebasse sculptées. Que de pièces qui ont été volées lors de la mise à sac du palais d’Abomey par les troupes coloniales du général Dodds en 1892, avant l’envoi en exil en Martinique puis en Algérie du roi Béhanzin.
Pour Carole Borna, directrice du patrimoine culturel et Mgr Bathélémy Adoukonou, membre du comité pour la restitution des œuvres culturelles, “l’engouement des Béninois à les revoir rappelle un des rois les plus emblématiques que le Dahomey, aujourd’hui Bénin, ait jamais connu”.
“On a souvent entendu dire que les Béninois se désintéressent du retour des biens mais c’est totalement le contraire. Ils y pensent, ils espèrent l’arrivée de ces biens et s’impatientent même”.
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Une chose est de recevoir ses œuvres, l'autre est de veiller à ce qu’elles soient entretenues.
Pour Ousmane Alédji, promoteur de Artistik Africa, un centre culturel, “la restitution d’une partie des œuvres pillées est un test qu’il faudra passer haut la main, pour espérer le retour des milliers d’autres œuvres pillées et qui sont restées entre les mains de la France”.
“C’est un début, on veut tester notre capacité à prendre soin de ce petit lot d’objets qu’on nous rend. Il faut que l'État fasse des investissements lourds, sérieux, pour former des jeunes conservateurs, gestionnaires de patrimoine, et puis demander à nos scientifiques de nous élaborer des contenus pour que les musées qui vont accueillir ces trésors ne deviennent pas des espaces morts“.