Les catholiques en prière à deux jours de la marche anti-Kabila en RDC

Un homme prie lors d'une messe en mémoire des victimes d'une répression à Kinshasa, le 12 janvier 2018.

Cette journée de prière a lieu à 48 heures de l'organisation d'une troisième marche pacifique après la messe à l'appel du Comité laïc de coordination pour demander au président Kabila de déclarer publiquement qu'il va bien quitter le pouvoir.

A genoux ou debout, mains jointes devant l'autel, des fidèles catholiques ont prié vendredi à Kinshasa pour la paix en République démocratique du Congo et au Soudan du Sud, à l'appel du pape François, à deux jours d'une nouvelle marche contre le maintien au pouvoir du président Joseph Kabila.

Dès 6h, des centaines de fidèles ont participé à une messe à la cathédrale Notre-Dame du Congo, la plus importante église de Kinshasa. "En union avec le pape François, prions pour que le Seigneur mette sa paix dans tous nos cœurs", a dit l'officiant.

Cette journée de prière a lieu à 48 heures de l'organisation d'une troisième marche pacifique prévue dimanche après la messe à l'appel du Comité laïc de coordination (CLC, un collectif proche de l'Église catholique) pour demander au président Kabila de déclarer publiquement qu'il va bien quitter le pouvoir.

Interdites, leurs dernières marches ont été réprimées à balle réelle, faisant une quinzaine de morts d'après l'Église, deux selon les autorités. Le CLC a le soutien de l'épiscopat qui a demandé aux Congolais de "demeurer debout et vigilants".

A la paroisse du Sacré-Cœur située en face du prestigieux collège Boboto dans le riche quartier de la Gombe, des fidèles ont pris d'assaut l'église où se déroulait une prière d'adoration du Saint sacrement, après la messe.

Le père Crispin Mbala, curé de cette paroisse fréquentée par plusieurs personnalités congolaises, a invité les chrétiens à s'engager pour la marche de dimanche. "L'antidote de la peur c'est l'engagement", a dit le prêtre jésuite.

Vendredi, cette marche n'était "ni autorisée, ni interdite" par les autorités de Kinshasa, affirmant n'avoir pas encore été saisies par les organisateurs. L'AFP n'a pu joindre le CLC.

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Deux responsables de société de téléphonie mobile ont affirmé vendredi à l'AFP avoir été "convoqués" samedi "à 9h00 (8h00 GMT) au Fleuve Congo hôtel" par le nouveau conseiller spécial du chef de l'État en matière de sécurité, Jean Mbuyu "pour une séance de travail", sans plus de détails.

Interrogées par l'AFP, les sources de la présidence se sont refusées à tout commentaire.

Lors de précédentes marches similaires, les autorités avaient coupé l'internet la veille, et rétabli quelques jours plus tard, suscitant des protestations des usagers et de la communauté internationale.

"Je suis venue prier pour la paix au Congo. Nous sommes des privilégiés, le pape a décidé de consacrer une journée entière pour la paix dans notre pays. Le pape est à nos côtés pour sortir le pays de la crise", a expliqué à l'AFP Gisèle Mukadi, une habitante du quartier populaire de Matete (est), rencontrée à la paroisse Sainte Anne (nord).

- 'Réponse mystique ' -

"Lorsque nous marcherons dimanche, nous ne serons pas seuls. Le pape sera avec nous en esprit. Il nous soutient. C'est bon de le savoir puisque ça motive davantage", a ajouté cette mère de trois enfants.

Cette messe est un "réarmement spirituel pour l'assaut de dimanche. Le pape est avec nous. L'église universelle est mobilisée pour la paix en RDC qui passe par l'alternance démocratique", a estimé César Babwa, un fonctionnaire de 62 ans.

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L'église catholique congolaise est à couteaux tirés avec le pouvoir de Kinshasa depuis la première marche du CLC le 31 décembre 2017.

Les cloches sonnent chaque jeudi de 21H00 à 21H15 dans les paroisses afin de demander le respect d'un accord politique conclu le 31 décembre 2016 sous l'égide de l'épiscopat. Celui-ci prévoyait des élections en décembre 2107 après l'expiration du second mandat du président Kabila fin 2016. Des élections sont maintenant prévues le 23 décembre 2018.

Vendeur dans un magasin tenu par des Indopakistanais, Luc Kabaidi ne voulait pas manquer la messe du vendredi. "Ça n'arrive pas tous les jours de prier pour le pays à la demande du pape, avec le pape et de nombreux catholiques à travers le monde", dit cet habitant de Lemba, quartier du centre de la capitale.

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"Nous allons donner aujourd'hui une réponse mystique à la crise artificiellement créée au Congo. La marche de dimanche ne sera que le résultat de la grande prière d'aujourd'hui", a-t-il ajouté.

Les églises restaient ouvertes vendredi jusqu'à 16h00 (14h00 GMT). Les fidèles se relayent pour la prière devant le Saint sacrement, avant l'organisation du chemin de croix à la fin de la journée.

Avec AFP