Un championnat en quatre poules sur deux mois: c'est le programme annoncé du "Gabon Oil National-Foot 2018-2019", la nouvelle formule du championnat gabonais de football, parrainé par l'entreprise pétrolière nationale.
"Une bonne nouvelle", selon le ministre des Sports, Alain-Claude Bilie-By-Nze, sur tous les fronts depuis quelques semaines pour défendre le "renouveau" du football gabonais.
Car celui-ci est dans un bien piètre état: les joueurs n'ont plus entendu de coup de sifflet officiel depuis juin 2018, les stades construits en grande pompe pour la Coupe d'Afrique (CAN) de 2017 sont laissés à l'abandon, et l'équipe nationale enchaine les scandales.
Le dernier en date concerne l'entraineur des Panthères, Daniel Cousin. Embauché par intérim en septembre, il affirme ne toujours pas avoir signé de contrat ni touché de salaire.
"C'est une affaire interne qui n'aurait jamais du se retrouver sur la place publique", répond le ministre Bilie-By-Nze, assurant que la situation sera régularisée sous peu.
Lire aussi : Cousin finalelement seul sélectionneur du GabonDu côté des supporters, on préfère sourire de ces "mille problèmes": avant le "problème Cousin, il y a eu le problème Camacho, et avant encore, le problème Jorge Costa", du nom des deux anciens entraîneurs de l'équipe nationale, relativise Sam, fou du ballon rond.
Pour relancer le foot national, Libreville avait cru bon embaucher des anciennes stars européennes. Ces entraîneurs émargeaient à environ 70.000 euros mensuels, les plus hauts salaires d'entraîneurs du continent.
Mais les résultats n'ont jamais été au rendez-vous et aucun n'a duré: le prédécesseur de Cousin, José Antonio Camacho, embauché fin 2016, a été limogé en septembre avec un très maigre bilan de 2 victoires pour 7 défaites et 8 nuls.
Lire aussi : Aubemeyang dément la nomination de son père à la tête de la sélection gabonaiseIl réclame toujours plusieurs mois d'arriérés de salaire.
"C'est décevant, on rêve de pouvoir rejoindre l'équipe nationale mais dans ces conditions? oh, non! il n'y a rien qui marche", se plaint le joueur d'un club de première division, sous couvert d'anonymat.
Réclamant le paiement régulier des salaires des joueurs, il en veut aux "grands du foot, les anciens ministres patrons de clubs et membres de la fédération qui +mangent+ l'argent".
- "Amateurisme" -
L'argent, qui ne coule plus autant qu'avant dans ce pays pétrolier en crise économique, pourrit en partie le foot gabonais.
Depuis des années, les scandales liés à de présumées malversations financières dans ce sport ne cessent d'alimenter la "kongossa", la rumeur en argot local.
Un exemple parmi d'autres: la construction d'un centre technique national en banlieue de Libreville, entamée en 2003 sur financement de la Fédération internationale de football (Fifa).
Lire aussi : Camacho "ne sera pas reconduit" à la tête de l’équipe du GabonSeize ans plus tard, l'argent (500.000 dollars) a disparu, différentes entreprises affirmant n'avoir jamais été payées et le centre n'est toujours pas opérationnel.
La Fifa a un temps suspendu ses subventions au football gabonais, avant de réinjecter de l'argent pour le centre en 2016.
Début 2019, la fédération nationale (Fégafoot) a annoncé la visite d'une délégation de la Fifa, pour "passer en revue les pistes de solution pour sortir définitivement de l'impasse de ce projet qui dure déjà depuis de nombreuses années".
Autre point noir soulevé par différents observateurs: les luttes internes entre différentes instances du football gabonais et l'"amateurisme" de ses dirigeants.
En septembre, le père de la star gabonaise Pierre-Emerick Aubameyang avait été nommé entraîneur de l'équipe nationale sans avoir été prévenu. Son fils n'avait pas mâché ses mots contre la Fégafoot.
"Le jour où la fédération ne fera plus preuve d'amateurisme, l'équipe nationale pourra alors peut-être avancer", avait lâché l'attaquant sur les réseaux sociaux. Il boude la sélection depuis.
Lire aussi : En Afrique, piratage et système D pour regarder les matchesAvec l'arrivée du nouveau sponsor du championnat, l'espoir renaît: Gabon Oil Company a promis un milliard de francs (1,5 million d'euros) sur un an, ce qui devrait permettre de relancer une compétition stoppée faute de financements.
"On a changé le modèle économique, l'Etat n'est plus le seul à financer", indique M. Bilie-By-Nze qui souligne que "l'objectif est de mettre autour de la promotion du sport plusieurs acteurs".
Cela pourra-t-il vraiment faire bouger les ligne? "l'arrivée de Gabon Oil Compagny permet d'être optimiste, mais encore faudra-t-il que cet argent soit bien géré", commente une source à la fédération.